Catherine Ludeau : Fusions Lumière
Une autre idée de la profondeur.
Quand Narcisse se penche sur l’eau du lac il s’étonne et se désole de ne pas reconnaître l’image du jeune homme que lui renvoie la surface plane de l’eau mais de voir l’image trouble et troublante de l’insondable profondeur, de l’incalculable distance qui le sépare de lui-même.
Sous la surface de l’eau pourtant claire, jour après jour, il revient sur sa quête, il veut comprendre pourquoi tant de limpidité fait apparaître, non pas une image simple – la sienne – mais, en arrière plan de son portrait transparent, un monde d’abysses insondables. Un monde qu’il ne pourra déchiffrer qu’avec le temps.
Les surfaces aqueuses de Catherine Ludeau – ne sont pas moins troublantes. Comme dans l’eau du lac de Narcisse on s’y reflète mais faiblement.
L’important est ce qui transparaît sous ces surfaces et mobilise notre attention.
C’est ce qui fait de nous des Narcisses pour un temps oublieux d’eux-mêmes, enfin disponibles pour une contemplation muette.
Sous cette laque qui est une résine travaillée en couche mince naît la profondeur.
Sous cette résine qui est comme une laque chinoise, mystérieusement, apparaissent et disparaissent la couleur, le grain du support, sa matité et ses aspérités qui se glissent sous l’onde colorée.
L’image comme celle de Narcisse s’approfondit et se trouble.
De ces plans de résines aux tracés parfaitement maîtrisés montent un apaisement en même temps que naît un mystère.
Des profondeurs et des transparences de ces résines sourd une poésie Zen.
Entre le travail de Catherine Ludeau et l’amateur peut se construire un autre rapport au temps. Un temps pour méditer.
Pour méditer et pour dialoguer avec une œuvre toute de silence.
Catherine Ludeau après une exposition récente à l’Escale de Levallois dans le cadre du collectif AUTREMENT expose seule :
Du 13 au 24 mars 2018 (mardi 13 à partir de 18 h)
Galerie Couteron
16 rue Guénégaud
75006 Paris
Du mardi au samedi de 13 h à 19 h (21 h le jeudi)
Pierre Vauconsant