Nous nous installons dans la petite salle intimiste à l’ambiance feutrée du Laurette Théâtre. Situé non loin de l’Hôpital Saint-Louis dans le 10ème arrondissement de Paris, il est nommé ainsi en hommage à Laurette Fugain, fille du chanteur Michel Fugain, décédée d’un cancer du sang en 2002 à l’âge de 22 ans. La jeune fille, passionnée de théâtre, était actrice. La salle de spectacle, qui produit les pièces de jeunes compagnies, soutient l’association Laurette Fugain, qui vise à lutter contre les leucémies.
Les lumières s’éteignent, ça commence ! Nous assistons à une représentation de Huis clos, pièce de théâtre écrite par Jean-Paul Sartre en 1944, dont est tirée la célèbre réplique : « L’enfer, c’est les autres. » La mise en scène est signée Karine Kadi, comédienne formée au Théâtre Ecole Catherine Brieux, qu’on peut également applaudir en ce moment pour Amok, à l’Espace Marais Paris jusqu’au 29 octobre 2022.
Le rôle de Garcin est joué par Sebastian Barrio, ancien acteur pornographique qui tente de se faire une place au théâtre et au cinéma. L’ex-hardeur commence sa carrière dans le X en 1997, et gagne le titre de meilleur second rôle français à la cérémonie des Hot d’Or en 2005. Malgré quelques balbutiements, l’acteur assure une bonne présence scénique et impressionne par son coffre. Inès, le deuxième personnage à entrer en scène, est interprété par Laurence Meini, remarquée pour son rôle dans le court-métrage de Patrick Hadjadj Help Me If You Can’t. Elle campe à merveille cette femme cynique et désabusée. Karine Battaglia, quant à elle, incarne Estelle, qui n’avoue qu’à la fin avoir commis un infanticide. La comédienne a été lauréate du Prix d’Interprétation Féminine dans Les Couleurs de la vie, qu’elle a mis en scène à partir du récit d’Andrew Bovell.
Les trois comédiens rendent hommage au texte de Sartre de telle manière qu’on ne voit pas le temps passer. On regrette cependant des costumes un peu criards, et un curieux choix de mise en scène à l’ouverture de la pièce : le garçon d’étage qui donne la réplique à Garcin est remplacé par une voix, ce qui ne manque pas de nous faire sursauter.
Marie Agassant
Du 16 septembre au 18 décembre 2022
Laurette Théâtre, 36 rue Bichat, 75010 Paris
Le vendredi à 21h et le dimanche à 18h