Signée par un amoureux des mots, l’œuvre du peintre et illustrateur français Jean Cortot est mise à l’honneur à la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Surnommé le « peintre-poète », Jean Cortot n’a cessé de questionner les diverses graphies existantes. Suite au décès de son époux en 2018, Madame Bébé Cortot a fait don à la BNF de 120 livres d’artiste, ce qui vaut à l’institution de posséder le plus important fonds français consacré au peintre. L’exposition présente une sélection d’œuvres issue de ce dernier, selon quatre sections thématiques.
Intitulé « Jean Cortot, le peintre des mots », l’événement attire l’attention du visiteur au sujet de la formation intellectuelle et artistique du peintre, en mettant l’accent sur la découverte des signes et systèmes d’écritures par ce dernier lors de voyages réalisés vers 1950-1960. Les « écritures peintes » sont ensuite dévoilées, l’artiste les ayant réalisées à partir des années 1980 en hommage aux écrivains et poètes dont il admire les textes. Enfin, des ouvrages créés en collaboration avec des amis artistes comme Julius Baltazar ou Anne Walker sont donnés à voir afin d’apprécier le versant de l’œuvre de Cortot poète.
L’exposition est l’occasion de (re)découvrir l’œuvre étonnante d’un artiste faisant de l’écriture son langage plastique. D’abord remarqué en 1948 au Salon de la Jeune Peinture pour ses toiles figuratives, il se passionne par la suite pour l’origine des systèmes d’écriture. Des artistes comme Paul Klee ou Wassily Kandinsky qui emploient également des idéogrammes ou des alphabets pictogrammatiques dans leurs œuvres l’ont aussi influencé.
La question de l’écriture dans la peinture devient centrale dans ses recherches. Au fil de ses expérimentations plastiques, son œuvre évolue vers des textes littéraires retranscrits avec une écriture volontairement malhabile, l’artiste se définissant lui-même comme un « cacographe » qui oblige le spectateur à faire un effort pour déchiffrer le texte observé.
L’artiste est né dans un milieu musical et artistique riche, côtoyant dès le plus jeune âge des artistes dont le travail ne le laisse pas insensible, particulièrement le peintre Henri Matisse et le poète et écrivain Paul Valéry.
Son œuvre graphique témoigne ainsi de la diversité des influences artistiques dont il s’est imprégné et de l’émulation créatrice de son cercle d’amis avec qui il a collaboré. Jusqu’au 7 novembre 2021, ce fonds exceptionnel est à découvrir afin de s’interroger soi-même sur ce lien, pas toujours évident, qui unit l’écriture et la peinture.
Commissariat : Marie Minssieux-Chamonard et Bruno Ligore
Julie Goy
Du 21 septembre au 7 novembre 2021
Jean Cortot, le peintre des mots
Bibliothèque nationale de France, François-Mitterrand, Galerie des donateurs, Quai François Mauriac, 75013 Paris – Entrée libre