Avec ses grandes lettres placées au-dessus de l’auvent, la Brasserie Mollard est facilement repérable et située juste en face de la gare Saint Lazare. Une institution où l’on va aussi bien pour sa cuisine que son décor exceptionnel.
Un peu d’histoire
En 1867, Monsieur et Madame Mollard arrive de leur Savoie natale. Pendant que monsieur livre le charbon, madame s’active au comptoir. La Maison Mollard devient rapidement un lieu incontournable. Près de 30 ans plus tard, succès aidant, les Mollard décident d’entreprendre des travaux. Monsieur Mollard fait spécialement venir d’Italie des mosaïques, et demande aux ateliers de Sarreguemines de créer pour lui des pièces uniques ayant pour thème la vie autour de la gare Saint-Lazare. Ces pièces évoquent Deauville, Saint-Germain-en-Laye, Ville d’Avray, l’entrée et la sortie de la gare Saint-Lazare, une « partie fine » de l’époque, sans oublier l’Alsace et la Lorraine, inévitables en cette année 1895. Edouard NIERMANS – architecte qui réalisa entre autres LE NEGRESCO et ANGELINA – eut le contrôle de l’ensemble de la réalisation, fait lui-même les dessins des mosaïques, dessine les modèles des chaises, des tables, des appareils lumineux, des portemanteaux, et même du meuble de la caissière…
En 1895 la Maison Mollard devient alors le restaurant le plus chic, et le rendez-vous de grand luxe le plus en pointe, dans le quartier le plus moderne qui soit de tout Paris.
Avec la guerre de 14-18, la fréquentation de l’établissement baisse – en 1918, le décor est jugé trop démodé, et afin de relancer le restaurant, l’essentiel de la décoration est caché derrière de la peinture et de grandes glaces, ce qui permit de conserver intacte la presque totalité du cadre pendant près de cinquante ans. Seule, la verrière centrale s’effondre en 1920.
Une histoire de famille
En 1928, MOLLARD se fait racheter par la famille Gauthier, et de 1930 à 1934, l’établissement traverse la crise comme l’ensemble des commerces. C’est l’époque de l’essor du Front Populaire et la marche vers la guerre. La guerre 39-40 ne change guère l’activité, mais en revanche, sous l’Occupation, l’établissement permet à beaucoup d’habitants du quartier de survivre dans la pénurie ; chaque jour la queue s’allonge devant la porte.
En 1965, la direction décida de restaurer les anciennes décorations : l’essentiel du décor avait été préservé. Toutes les grandes fresques de l’époque ont été restaurées, une seule a été perdue. Mollard a retrouvé son cadre de 1895 et son décor historique, fait de tons vert d’eau, bleu roi, dorés, de marbres beiges et marron sur les grandes colonnes et tout autour des mosaïques anciennes, réalisées par Henri Bichi en émaux de Briare et Eugène Martial Simas
L’arrivée en 2002 à la direction de Stéphane Malchow, petit-fils de Pierre et petit-neveu de Jacques Gauthier, a contribué à perpétuer l’action de ses prédécesseurs. Pour les 150 ans de la maison, Il se lance à son tour dans des travaux. En 2012, il rénove la façade chasse la « grisaille du temps » de la devanture et illumine les lettres de Mollard par une fresque en vitrail. Grâce à une carte postale retrouvée dans les archives de l’Institut Français de l’Architecture, il recrée à l’identique en 2017 la verrière d’origine à l’identique dans la salle centrale, puit de lumière qui transforme la physionomie de l’espace. Déjà Il fait appel à l’architecte Philippe André.
Récemment, de nouveaux travaux ont permis (en plus d’ouvrir de nouveaux salons) de retrouver les mosaïques intactes vertes qui symbolisent le pur style Art Déco. Des mosaïques vertes et des lignes verticales dorées, noires et blanches. Les miroirs fabriqués pour la rénovation et posés à leurs côtés reprennent ces motifs de lignes comme autant des gouttes de pluie ruisselantes.
Inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 novembre 1989
Avec un cadre magnifique art nouveau et ses décors d’origine retrouvés, la brasserie fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 9 novembre 1989.
Côté cuisine
La Brasserie Mollard est titulaire du label Maître restaurateur depuis une vingtaine d’années. Ce label d’État obtenu pour 4 ans, garantit que les plats sont faits sur place à partir de produits frais.
Spécialisée dans les fruits de mer et les poissons, la carte fait la part belle aux plats traditionnels de la cuisine française : foie gras, rognons de veau, andouillette, magret de canard, Chateaubriand, etc…
Notre choix s’est porté, en entrée, une gourmande assiette nordique (thon fumé, espadon fumé, tarama blanc, saumon fumé, rollmops, œufs de saumon, salade verte) et un fin carpaccio de noix de Saint-Jacques à la coriandre fraîche sur une compotée de pomme Granny Smith.
En plat, une poêlée de langoustines de Bretagne, sauce américaine accompagnée de riz Venere Nero et une poêlée de ris de veau, sauce aux morilles et purée maison.
Et en dessert, des profiteroles au chocolat chaud – régressif…
Pour accompagner ce repas, après une coupe de champagne Bourgeois-Boulonnais blanc de blancs 1er cru et ses gougères au comté à l’apéritif, nous avons opté pour un Chinon AOP Domaine de la Colline servi à bonne température.
Les plats sont joliment présentés et copieux. Le service est de grande qualité avec des maîtres d’hôtel courtois et souriants.
Que l’étoile (qui existe dans les mosaïques et reprise en logo) continue de briller !
Brasserie Mollard, 115 rue Saint-Lazare, 75008 Paris
Ouverture tous les jours de 12 h à 00 h 20
Formules à partir de 31, 50 € (plat et boisson)
photos : Véronique Spahis