Faire d’un théâtre créé en 1862 un acteur principal dans la création d’un meilleur avenir, tel serait le pitch du tout nouveau projet de la Gaîté lyrique, la Fabrique de l’époque.
Mais qu’est la Fabrique de l’époque ? C’est tout d’abord un projet ayant une durée de 5 ans porté par 5 partenaires : ARTE, Makesense, Actes Sud, ARTY FARTY et SINGA. Ces partenaires ont pour but commun de créer par le dialogue les nouveaux imaginaires de demain, et de faire de la culture un vecteur de l’engagement politique et social. Hélène Bizet (de Makesense) souligne l’anxiété des jeunes aujourd’hui qui estiment que l’avenir est « bouché », effrayant même. C’est un point de vue partagé par Boris Razon, directeur éditorial d’ARTE France qui évoque la responsabilité des médias de restaurer un dialogue collectif et de rassurer (en plus de documenter) en ces temps troublés. La « crise multiforme » que nous traversons d’après Vincent Carry (le directeur d’ARTY FARTY), est d’ailleurs l’origine de la création de ce projet. La Gaîté lyrique se transformera donc non seulement en « incroyable boîte à outil » mise au service de tous et toutes, qui permettra de « sortir du récit » et de « passer à l’acte » pour créer un monde meilleur. Le pouvoir sera dans les mains de toutes les générations mais plus particulièrement les jeunes qui sont « ceux qui fabriquent l’époque ».
Pour ce faire, la Gaîté lyrique va dès le 12 mai se réinventer en tout d’abord augmentant l’amplitude horaire, car d’après la directrice Juliette Donadeur, les raisons pour venir à la Gaîté lyrique seront si nombreuses, justifiant l’ouverture du lieu 6 jours par semaine. Cette multiplicité peut se retrouver dans le changement d’offre de restauration avec des petits déjeuners pour les étudiants dans le besoin (repas et rencontres solidaires Art & Food d’avril à mai les mardis et vendredis), la possibilité de manger du petit déjeuner au dîner en passant par le brunch, ou simplement prendre un café. De plus, il y aura tous les jeudis d’avril à mai une distribution de vêtements et de paniers alimentaires destinés aux étudiants en situation de précarité.
La solidarité, au cœur de ce projet, offrira une restauration se composant essentiellement de produits bio et éthiques. Juliette Donadeur parle même de déjeuners cuisinés par des personnes en insertion ou par des réfugiés. Ces derniers sont aussi au centre des préoccupations du projet qui ouvrira les portes aux réfugiés s’ils veulent recharger leur téléphone ou passer la nuit. Cette ouverture à tous favorisera ainsi la discussion entre les visiteurs d’horizons multiples, permettant ainsi de créer des échanges importants à la « régénération de notre culture ». On assistera donc à la création d’un lieu « régénératif » non seulement sur le plan social mais aussi sur le plan écologique, car la Gaîté lyrique en proposant de nombreuses activités (même des DJ set du 8 au 30 juillet) en son enceinte, souhaite ainsi absorber et réduire l’impact négatif des ces activités si elles avaient lieu dans plusieurs endroits.
Mais la Fabrique de l’époque ne sera pas qu’un lieu « régénatif » elle sera aussi un lieu d’amplification », surtout pour les jeunes talents et les artistes. La promesse solennelle faite à ces derniers est de faciliter leur rencontre avec des professionnels du métier résultant en un échange d’expérience ou la découverte d’opportunités. Elle proposera aussi de nombreux workshop de découverte, des séances de débat ouvertes à tous, des projections et des conférences. Ainsi, elle souhaite faire « germiner » ces talents pour pouvoir les exporter en Europe et à l’international avec les valeurs de la Fabrique.
Un autre aspect crucial de ce projet est la musique et la festivité. La Fabrique de l’époque va accueillir l’équivalent de 120 concerts par an, 4 festivals par saison et de nombreuses cartes blanches artistiques et musicales. Le focus sera plus sur la musique rap et électro (avec un peu de pop indépendante) mais la direction reste ouverte à d’autres genres. La Petite Galerie continuera d’accueillir des expositions, telle que Women Matter (à découvrir du 12 mai au 7 juillet) qui est une carte blanche au collectif Dysturb visant à mettre en lumière des portraits de femmes qui inspirent le changement et informent les nouvelles générations sur l’égalité et la diversité.
Que cela soit pour boire un café, aller voir un concert ou apprendre à créer son propre podcast, la Gaîté lyrique sera le lieu idéal. La Fabrique de l’époque, en proposant un programme si vaste et engagé, va repenser non seulement ce qu’est un lieu mais aussi la culture. Elle va aussi la capter pour mieux la comprendre et la rediffuser, créant ainsi un cercle vertueux où les jeunes générations seront les acteurs majeurs. Comme disent si bien les directeurs du projet, la Gaîté lyrique ne croit pas à la fin du monde et elle restera engagée en tant que figure de proue jusqu’au bout. A suivre avec beaucoup d’attention !
Clara Alle
A partir du 21 mai 2023
La Gaîté lyrique, 3-5 Rue Papin, 75003 Paris
Du mardi au vendredi de 9h à 23h, fermé le lundi, le week-end à partir de 11h (les horaires pourront varier selon les événements) – entrée libre et gratuite