Située dans un hôtel particulier, l’exposition présentée à la maison de Victor Hugo, est consacrée à l’anniversaire d’un siècle et 20 ans de l’illustre écrivain (mais aussi dessinateur comme nous le verrons). Elle se développe sur deux étages (le premier est dédié à l’exposition temporaire d’anniversaire, et le deuxième aux appartements où vivait V. Hugo entre 1832 et 1848).
Melandri, Achille (n.1845-11-07 – d.1905-08-22), Victor Hugo avec Georges et Jeanne sur ses genoux (Titre factice), 1881. Maison de Victor Hugo – Hauteville House. 
En 1902, se célébrait le centenaire de la naissance de Victor Hugo. Paul Meurice, son fidèle ami, homme de confiance a pris en charge l’édition de ces œuvres et qui après sa mort, fut son exécuteur testamentaire. C’est de son initiative que la Maison Victor Hugo est née, le 30 juin 1903, de concert avec la volonté de la famille (petits-enfants : George et Jeanne). De plus, la collection de Juliette Drouet, conjointe de Victor Hugo, fait partie intégrante des collections. L’idée de cette exposition commémorative est de montrer la diversité des collections et la manière dont elles se sont constituées autour de la figure si caractéristique de Victor Hugo. Nous assistons à une visite guidée menée par Gérard Audinet, directeur des Maisons de Victor Hugo et commissaire de l’exposition.
Trois œuvres emblématiques de l’écrivain nous sont présentées : Notre-Dame de Paris, Les Burgraves et Les Misérables.
Pour commencer, Notre-Dame de Paris, parue en 1831, met en scène le destin tragique de la gitane Esméralda. Elle est désirée par le capitaine Phoebus, le prêtre Frollo et son sonneur de cloches, Quasimodo. Ce roman donne envie à de nombreux peintres de la représenter, par exemple en train de danser sur le parvis de Notre-Dame.
Ensuite, les Burgraves forme une œuvre représentée à la Comédie Française en 1843. L’histoire se situe dans le burg de Heppenheff, sur le Rhin. L’esclave sorcière Guanhumara et l’empereur Frédéric Barberousse que l’on croyait mort, souhaitent se venger. Ces personnages évoluent dans un milieu composé de brigands cruels. Malheureusement, la pièce ne sera jouée que deux fois (pour le centenaire de Victor Hugo, en 1902, mise en scène par Lucien Guitry et Paul Meurice, et, adaptée par Antoine Vitez en 1977).
Quant à l’œuvre Les Misérables, elle est commencée à la maison de Victor Hugo en 1845 et publiée en 1862 à Bruxelles et Paris. Depuis sa parution, elle a toujours inspiré bon nombre d’illustrateurs, de peintres et de sculpteurs qui ont tenu à représenter certains personnages du roman : Cosette, Gavroche, Jean Valjean, Fantine et Javert. Par ailleurs, l’ouvrage fut joué au théâtre par le fils de Victor Hugo : Charles Hugo ainsi que Paul Meurice.
Dans une autre salle, une sélection de très diverses estampes s’offrent à nous. Le musée en détient plus de 10 000. D’un côté, Jean-Paul Laurens (1838-1921) s’illustre sous un académisme tandis qu’Emile Bernard (1868-1941), proche de Gauguin, de Paul Cézanne et de Van Gogh compose des pièces plus modernes, empreintes de symbolisme. Ces deux artistes ont fait le choix de prendre pour inspiration deux poèmes peu connus du public.
De quoi parlent ces deux poèmes ? Le Pape (écrit entre 1874 et 1875) et La fin de Satan (intégré au triptyque formé avec La légende des siècles en 1859 et Dieu). Le Pape est présenté comme un rêve, qui est plutôt considéré comme un cauchemar au réveil. L’écrivain, ici, souligne l’anticléricalisme. Ce système insiste sur la séparation entre le profane et le religieux et postule la liberté de conscience individuelle. Victor Hugo était pourtant croyant mais était résolument fermé à toutes les églises !
La fin de Satan est
philosophique, il met en scène Satan plongé dans l’abîme. Malgré ce qu’il
diffuse sur terre de plus révoltant (la guerre), il a la peur de n’être plus
aimé par Dieu. Il se rachètera grâce à l’Ange Liberté, né par l’intervention de
Dieu grâce une plume perdue dans la chute de Satan.
Enfin, des œuvres contemporaines sont également montrées volontairement par le
musée. Ce fond est toujours constitué majoritairement par Paul Meurice et la famille Hugo
l’a ensuite étoffée. L’on découvre une figure allemande de la scène artistique,
l’autrichien Arnulf Rainer (né en
1929). Cet artiste produit des “surpeintures”. Ainsi, il utilise des
reproductions de grands maîtres ou bien d’artistes anonymes qu’il recouvre de
dessins, graffitis ou peintures. En 1998, il a commencé à transformer le geste
de Victor Hugo.
Toujours dans l’ère contemporaine, Julius
Baltazar (né en 1949) est un artiste français, peintre et poète. Il écrit
de nombreux livres d’artistes. En 2022, il peint 8 acryliques et encres sur
papier, il tend à reprendre le style hugolien. Dans ses peintures abstraites, Julius Baltazar fait référence au poème
“Les
Travailleurs de la mer” avec un paysage marin marqué d’allusions à
l’écriture (traits d’encre).
Plus récemment, le musée de la maison de Victor Hugo a fait une acquisition exceptionnelle, par préemption, lors de la vente aux enchères Ader Nordmann & Dominique. Alors que Victor Hugo déménageait à Hauteville House (Guernesey), il s’est muni de planches issues des caisses de transport utilisées pour transporter tableaux et objets. L’œuvre acquise et exposée est un diptyque intitulé Vivez, Mourez : deux encres réalisées sur panneaux de bois. Pour la première planche, Victor Hugo a peint Goulatromba, protagoniste provenant de Ruy Blas d’après un dessin de Léopoldine, sa fille portée disparue. Ce même personnage se retrouve dans un cimetière. Cette œuvre est une des rares de la collection de Victor Hugo chargée de symbolisme par son caractère libre et personnel, en mémoire de Léopoldine.
Eliette Belet
photos: A. Melandri (pour l’affiche) / Eliette Belet
Du 10 Mai au 3 Septembre 2023
Maison de Victor Hugo, 6 Place des Vosges, 75004 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18H.