Ou le voyage au sein de l’univers intime de Petrus, le personnage principal à l’âme de poète.
Faisons une petite mise au point sur cette épopée qui m’a transportée…
Pour survivre, l’être humain s’adapte plus vite qu’on ne le soupçonnerait. C’est le cas de Petrus, banni de force de sa terre natale, l’Angola, par les colons.
L’accordéoniste est donc l’histoire riche en émotions de la vie d’un jeune angolais partant pour l’exil. Une histoire qui prend sa source dans les origines du romancier.
L’exil, un mot si lourd, si politisé, trop stéréotypé.
C’est l’obligation de quitter ses racines sans jamais revoir son pays. C’est être arraché à ses repères, sa famille, ses amis, ses amours, ses lieux. C’est dire adieu à son passé, à ce qui nous a fait. Mais l’exil, c’est aussi s’ouvrir, malgré tout, à un autre pays, une autre culture, un autre monde.
Derrière ce mot, se cache un humain abandonné à lui-même et son parcours plein de cicatrices.
Toutefois, ce destin qu’on supposerait tragique prend une toute autre forme pour devenir un récit plein d’espérance et de vitalité.
Petrus nous embarque alors dans une odyssée pleine de rebondissements et de découvertes en nous partageant ses rencontres étonnantes, ses amantes attachantes, ses aventures stupéfiantes…
Tout commence par le cadeau que lui fit son grand-père en guise d’héritage. Un cadeau surprenant qui métamorphose notre protagoniste. Un cadeau qui nourrira sa créativité : un accordéon.
Il travaillera dur pour honorer l’offrande de son aïeul auquel il avait promis de jouer un morceau à son retour au pays. Les promesses, Petrus en a beaucoup à tenir…
Cet accordéon façonnera son identité, le définira. Il sera pour lui comme une extension de son corps : grâce à lui, il trouvera l’amour, l’inspiration et s’extirpera de situations dangereuses.
Mais, ce héros n’a pas pour seule passion l’accordéon, il admire et considère le genre féminin comme un genre suprême, enchanteur, d’une beauté spirituelle et physique vivifiante.
Aristote Kavungu dresse le portrait d’un personnage plein de courage et d’esprit, un poète romantique, un homme à part qui aime la vie dans toute sa spontanéité ainsi que l’art et les femmes.
Petrus irradie une simplicité poétique, c’est un musicien au cœur tendre, un dandy débrouillard et intrépide auquel nous nous attachons d’emblée.
Son humour fait son charme, sa sensibilité nous émeut, sa marginalité le rend exceptionnel, nous admirons son courage.
Comme nous aimerions le rencontrer !
Aristote Kavungu, au-delàde la description de cette personnalité pacifiste, juste et humaniste, critique un monde avide de pouvoir, d’autorité, d’argent et de violence.
A travers Petrus il vilipende le système de masse qui oblige à la docilité et au mimétisme.
A contre-courant, voilà comment nous devons être pour ne pas perdre notre singularité !
Mathilde Nicot
L’accordéoniste d’Aristote Kavungu
Collection Encres Noires aux éditions l’Harmattan – publié en février 2021 – 180 pages – 18 euros