Pour la sixième fois, la galerie Semiose présente les sculptures figuratives de Laurent Le Deunff dans une mise en scène immaculée. Whatever This May Be règne dans la luminosité et la blancheur de l’espace qui laisse entrevoir les aspérités des matériaux utilisés entre bois véritable et imitation.
Conçue comme une promenade dans laquelle le regard circule librement de sculpture en sculpture, posées sur des socles de différentes hauteurs. Dans cette déambulation, on y croise des animaux (blaireau, castor, hibou), des totems ainsi que des pièges de trappeurs (assemblage de corde et de tronçons d’imitation bois). Laurent Le Deunff s’inspire aussi de l’art paléolithique comme en témoigne la massue géante au début du parcours.
Exposées dans leur plus simple appareil, l’ensemble des œuvres communiquent entre elles. Celles sculptées en un bloc de différentes essences de bois dialoguent avec les autres en rusticage. Le rusticage est un procédé créé à partir d’un mélange de ciment, de sable et de latex qui permet de copier l’aspect naturel du bois. Ici, pas de moulage, l’artiste travaille l’approche visuelle en modelant la matière sur une structure de fer à béton et de grillage. De plus, il obtient un effet vieilli en laissant les œuvres se patiner en extérieur où la nature achève de parfaire le trompe-l’œil. Les nervures, les couleurs et l’aspect irrégulier du bois sont parfaitement réalistes à l’image de la trappe posée à même le sol, des pièges faits de bûches, de la fontaine au blaireau sculpté et du hibou.
Parmi les sculptures taillées dans le bois, le principe du totem est un procédé récurrent dans l’expression spontanée et artistique de Laurent Le Deunff. Elaboré en trois parties, trois formes figuratives aléatoires se succèdent. Les totems sont une version sculpturale du jeu du « cadavre exquis », rendu célèbre par les Surréalistes. Le sculpteur commence une forme sans savoir ce qui va en découler. Il n’est alors pas surprenant de croiser un livre surmonté d’une lame de couteau et d’un castor ou bien une loutre coiffée d’une clé et posée sur une dent.
Les œuvres de Laurent Le Deunff sont une incitation à la rêverie et à se laisser transporter dans un univers où l’imagination est sans limites.
Mathilde Seng — texte et photos
Du 22 juin au 17 août 2024
Galerie Semiose, 44 rue Quincampoix, 75004 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h – Entrée libre