L’avenir du Cacao : Or noir ou histoire d’Hommes ?
À l’origine, le cacao était sacré. Aujourd’hui s’il a perdu son aspect symbolique le chocolat reste un aliment divin… Noir, au lait, en tablette ou en pâtisserie : le chocolat est la douceur préférée des Français. Le savoir-faire des artisans Chocolatiers Confiseurs transforme le produit et le sublime. Quelle que soit sa forme, cette gourmandise a la délicatesse de ne pas être un défaut…
Personne n’envisage un jour de devoir se passer de chocolat, surtout pas les français qui demeurent parmi les plus gros producteurs et consommateurs mondiaux.
Pourtant, des rumeurs de pénurie, probablement lancées par les industriels, courent dans les milieux de l’or noir.
Cela a déjà eu pour effet d’augmenter les surfaces cultivées, souvent au détriment des espaces forestiers. Cela a surtout eu comme conséquence une violente chute des cours (-40% en 3 ans) au profit de la rentabilité de ces mêmes industriels…
L’autre conséquence est le risque croissant de désamour des cacaoculteurs pour cette activité.
L’enjeu pour les professionnels français regroupés au sein de la CCCF (Confédération des chocolatiers et confiseurs français) devenait dès lors multiple :
– Sécuriser une source d’approvisionnement dans le temps
– Maîtriser la qualité des approvisionnements
– Se prémunir de fluctuations tarifaires trop importantes
La solution a peut-être été trouvée grâce au courage d’une femme et à l’écoute d’un homme. C’est par Facebook qu’une cacaocultrice camerounaise a pris contact avec un chocolatier français pour lui proposer d’acheter sa production.
Méfiant, notre artisan ne souhaite pas prendre de risque, c’est donc cette femme qui le fera en expédiant l’équivalent d’une année de récolte à ses frais en France. C’est le début d’un partenariat tant économique qu’humain entre la CCCF et la CICC (Conseil interprofessionnel du cacao et du café du Cameroun).
Au-delà d’échange produit/argent, la confédération propose à la CICC d’accompagner l’organisation de la production, de former les hommes et femmes sur place avec pour objectifs :
– Augmenter la qualité et donc le prix de la production
– Pérenniser la filière sur place en assurant un revenu suffisant aux cacaoculteurs
C’est ainsi que les petits producteurs sont regroupés en coopérative, seul moyen d’obtenir des quantités suffisantes permettant l’étape indispensable à l’obtention d’une qualité supérieure, la fermentation.
La CICC accompagne financièrement cette démarche en fournissant les matériels nécessaires, elle l’accompagne également juridiquement en signant un accord avec l’OFI (Office français de l’immigration) facilitant le retour au pays de jeunes prêts à se lancer dans l’aventure.
Voilà comment, en seulement quelques mois, la qualité du cacao fourni a fait un bon remarquable et que les zones géographiques concernées se sont étendues.
Loin d’une pénurie de fève, la filière est surtout exposée à une pénurie d’exploitants et son salut ne semble pouvoir venir que d’initiatives impliquant l’humain.
Ce n’est donc pas dans une globalisation de la production que l’avenir du chocolat de qualité se jouera mais bien dans une plus grande proximité entre les producteurs et les transformateurs avertis.
Nous, français, étendards de la qualité gastronomique devons soutenir ces démarches ciblées.
De cet accord bilatéral est né un label, celui-ci se veut autant un gage de qualité que de responsabilités environnementale et humaine :
« Destination chocolatiers engagés »
Il est la garantie d’un produit de qualité, d’origine garantie et respectant les femmes et les hommes qui en permettent la production.
Une déclinaison en « Pure origine » (100% Cameroun) est prévue, sur le principe des grands crus, elle a vocation à valoriser davantage encore le produit.
C’est ainsi qu’en dégustant un carré (ou une tablette) de cet or noir estampillé, vous ne ferez pas uniquement un voyage gustatif mais vous participerez à une belle et prometteuse aventure humaine.
Sans bouger de votre chaise longue au soleil ou de votre fauteuil face à la cheminée, vous serez, vous aussi, acteur d’un rapprochement humain qui semble, à ce jour, n’offrir que des avantages.
Cyril Perrain