La nuit du livre récompense plusieurs ouvrages pour saluer le talent des auteurs et des fabricants. En septembre dernier, lors de la 18e édition c’est « Le château des trompe l’œil » de Christophe Bigot, qui remporte le prix du plus beau livre dans la catégorie Littérature générale.
La Nuit du Livre® célèbre la beauté dans les livres, ces chefs-d’œuvre qui révèlent deux talents : celui de l’auteur, qu’il soit écrivain, photographe ou illustrateur, mais aussi celui du fabricant. La beauté d’un livre est en effet le résultat d’une rencontre parfaite entre l’univers intellectuel de l’auteur et de l’univers technique du fabricant.
Dans la réalisation de l’ouvrage, le rôle du fabricant est tout aussi déterminant que celui de l’auteur. Tous deux ont dans ce processus un statut véritablement semblable, si bien que l’on peut incontestablement dire que le fabricant y est lui-même un auteur.
Le livre comme un écrin :
Ce livre, relié de rouge passion, se présente comme un bel objet – avec une découpe dans la couverture, comme un œilleton qui dévoile une première illustration, celle du jeune Baptiste découvrant le château des trompe-l’œil, clin d’œil au voyeurisme – le nôtre et le sien. Les pages de garde et la tranche, d’un bleu buvard, renvoient à l’ambiance nocturne de l’histoire tout aussi bien qu’aux livres anciens des siècles passés …
L’histoire :
« 1837, baie du Mont Saint-Michel. Le jeune Baptiste Rivière est convoqué au château d’Escreuil pour s’y faire dicter les dernières volontés de la propriétaire des lieux. Mais à son arrivée, le personnel se ligue pour lui interdire l’accès à sa chambre : Langlois, diabolique intendant du domaine, le vieux Simon, qui semble plus qu’un ordinaire jardinier, et même Séverine, la femme de chambre dont Baptiste cherche pourtant à se faire une alliée.
Pourquoi la baronne d’Escreuil se cache-t-elle ? Qui est vraiment cette ancienne comédienne, veuve d’un aristocrate guillotiné sous la Terreur ? Bravant les mises en garde, Baptiste s’aventure dans les plus sombres recoins du domaine. Mais les apparences sont trompeuses, et en cherchant la baronne, c’est sa propre vérité que Baptiste va devoir affronter. »
La description du château et de ses recoins, les personnages aux traits de caractères spécifiques, les relations entre et avec celles-ci, l’auteur nous immisce dans la vie de Baptiste, de ses angoisses et de ses découvertes, de telle sorte que l’histoire prend vie devant nous et avec nous.
Qu’en est-il vraiment de ces relations, de ce rapport à l’autre ?
Au fil des pages, du présent au passé, se dévoilent les histoires qui font de chacun des personnages, des êtres forgés par des événements douloureux.
Le livre est un hommage aux grands romans gothiques du XIXe siècle, écrit avec une plume aussi fielleuse que sensuelle. Une plongée vertigineuse et haletante dans les gouffres du passé et de l’âme humaine. Les 9 illustrations sont comme des ancrages de moments forts de l’histoire.
Ce roman se veut aussi initiatique, une quête professionnelle, culturelle et personnelle, mêlant passions et l’histoire de notre pays.
L’auteur :
Adolescent, Christophe Bigot était passionné de littérature et de dessin. Au point de vouloir tracer une carrière dans l’un de ces deux domaines. Agrégé de lettres modernes, il enseignera finalement la littérature. Obsédé par la Révolution française, il y consacrera son premier roman, L’Archange et le procureur, chez Gallimard, salué par plusieurs prix. D’autres romans suivent mais un projet en particulier couve toutes ces années, un hommage à la littérature gothique anglaise – genre littéraire qui n’est autre que l’exutoire, de l’autre côté de la manche, de l’horreur suscitée par la Révolution française : la boucle est bouclée.
Christophe Bigot, Le château des trompe-l’œil, avec des illustrations de Yohann Propin, Éditions La Martinière, août 2022 – 22,90 €
Véronique Spahis