Le jardin retrouvé
Il était une fois…. Ainsi commence l’histoire du Jardin retrouvé, racontée avec passion et poésie par Michel et Clara Gutsatz qui viennent de relancer la marque et ouvrir la première boutique.
Lancée en 1975, cette collection de parfums constitua la toute première marque dite « de niche ». Le parfumeur-créateur Yuri Gutsatz (1914-2005) en avait créé les fragrances, libéré des diktats du marketing et développé la Maison avec son épouse Arlette. Dans la droite ligne de l’esprit iconoclaste de Yuri, son fils Michel Gutsatz et sa femme l’artiste Clara Feder, – aidés du parfumeur Maxence Moutte -, ont décidé de rééditer 7 fragrances et de redéployer cette Maison en agissant à rebours des poncifs en vigueur dans le monde du Parfum.
Le Jardin Retrouvé n’a jamais cessé de vivre. La marque reste artisanale et familiale pendant de nombreuses années. Les parfums sont élaborés, pesés et mis à macérer à la maison.Deux ou trois collaborateurs viennent aider Yuri et sa femme à mettre en bouteille, étiqueter et expédier dans le monde entier. Leurs trois fils, Jean-Pierre, Denis puis Michel mettent la main à la pâte. Et des quatre coins du monde, les commandes ont continué à arriver, émanant d’amoureux des belles formules, restés fidèles à l’esthétique de Yuri Gutsatz.
Côté laboratoire, au fond de la boutique :
La boutique/musée avec des photos de famille et des documents de l’histoire de la marque :
Les 7 parfums déjà recréés :
A chaque parfum, une histoire, écrite et illustrée par Clara :
Citron Botoli – 2000 – Après la visite du Palazzo Pitti, vous vous égayez vers les hauteurs du jardin Boboli. La vue sur Florence est somptueuse mais une grotte, sur votre droite, vous attire par sa fraîcheur. Juste à l’entrée, une statue arbore de magnifiques citrons. Sont-ils réels ou virtuels ? Mais alors, pourquoi ces senteurs de citron d’Italie, de petitgrain, de bigarade, de galbanum ? Et ces traces de poivre noir et de girofle, d’où viennent-elles ?
Eau des délices – 1 970 Au Musée du Prado, il fait trop chaud, cet après-midi-là. Le Jardin des Délices, peint en 1503 par Jérôme Bosch, intrigue tous ceux venus le contempler, y compris vous. Soudain, vous entendez un bruit de verre qu’on fait tomber. Une odeur légère et fraîche s’échappe : citron, bergamote, mandarine, petitgrain, lavande étanchent alors votre soif, un fond chypré de patchouli et de mousse de chêne vous met en joie.
Verveine d’été – 1878 – Vous vous promenez dans le Jardin d’été, au cœur de Saint Petersbourg. Un orage bienfaisant a éclaté ce matin même, et vous vous asseyez sur un banc dans ce jardin à la Française esquissé par Pierre le Grand. Vous vous penchez pour ramasser une balle que des enfants ont laissé échapper. Aussitôt, une senteur vous éclabousse de sa fraîcheur : basilic, citron, bergamote, verveine, et un peu de mousse de chêne. Comme vous aimeriez emporter ce parfum avec vous pour faire face aux heures plus chaudes…
Rose Trocadéro – 1935 – Le soleil brille sur le jardin du Trocadéro, une bénédiction à Paris, même fin mai. Derrière vous, la Tour Eiffel, devant vous le palais du Trocadéro, si moderne. Soudain, une femme s’approche. Elle porte un énorme bouquet de roses et se dirige d’un pas hardi vers la Seine. Quand elle vous frôle, vous frémissez sous des effluves de rose si absolue, que vous remarquez à peine un arrière-goût de bourgeon de cassis, de lavandin et de musc.
Tubéreuse Trianon – 1689 – Vous flânez vers Trianon, ce jardin de Versailles où le roi a fait planter des parterres et des parterres de fleurs. C’est le soir. Vous croisez un groupe de courtisans. Parmi eux, un regard vous transperce. Dans son sillage, une puissante odeur de tubéreuse, mêlée au jasmin et à l’ylang ylang. Comme voilée, une surprenante touche de framboise. Votre cœur vient de rencontrer l’amour. Il chavire.
Sandalwood sacré – 1786 – Près de Chandod, sur les rives du fleuve Nerboudda, vous marchez vers un bois sacré qui abrite un petit temple hindou. Vous plantez votre trépied, sortez votre nécessaire à dessiner, et commencez à crayonner. Soudain, les notes poudrées d’un parfum s’imposent à vous. Santal, patchouli, mousse de chêne et musc, et puis comme un cadeau, de la coriandre, du petitgrain et de la fleur d’oranger. Est-ce l’esprit du lieu qui s’adresse à vous ?
Cuir de Russie – 1920 – La salle est comble. Diaghilev présente ses ballets Russes. D’extravagants parisiens et vous êtes au premier rang. Vous écarquillez les yeux devant Nijinsky et ses bottes de cuir fin. Il s’envole, il tournoie, il éclabousse la scène de ses effluves d’ylang ylang, de violette, de cannelle qu’habille un accord de bois de cade et de styrax. Vous voudriez qu’un tel moment dure toujours.
Le flacon se vend à l’unité mais il est difficile de ne pas « succomber» à ces coffrets, richement décoré et décliné pour chaque parfum, et qui contient un estagnon (flacon en aluminium) de parfum qui permet de remplir les deux flacons vides proposés à ses côtés, à l’aide de l’entonnoir en verre fourni : un flacon de 50 ml et une flaconnette de 15 ml, tous deux sérigraphiés. Bien protégé de la lumière dans ce récipient utilisé par les professionnels, le parfum se conservera sans souci, et plus encore s’il est mis au réfrigérateur. Figurent sur ce contenant traditionnel la date de mise en bouteille, celle du temps de macération et celle du temps de maturation.
Le Jardin Retrouvé
7 rue Fourcroy,
75017, Paris
Ouvert de 14h à 19h, du mardi au samedi
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis