En dehors des riches collections permanentes, La Piscine, nous propose quatre expositions inédites. Céramiques, peintures, dessins … en mettant en avant des artistes aux parcours différents.
Une plongée dans des univers aussi distincts que leur cheminement…
Johan Creten : Bestiarium
Né en Belgique en 1963, installé à Paris, l’artiste Johan Creten est un pionnier du renouveau de la céramique dans l’art contemporain. Depuis les années 1980, tandis que la céramique était négligée, car considérée comme tabou, l’artiste travaille l’argile sans répit, élaborant des techniques innovantes et virtuoses. Conçues au Mexique ou à Miami, à Rome ou La Haye, ses célèbres sculptures allégoriques – en bronze ou en céramique – construisent un monde rempli de poésie, de lyrisme et de mystère, hanté par la beauté et peuplé par une dimension sociale et politique. Mieux, humaniste. Revendiquant le « Slow Art », l’œuvre de Johan Creten sacre l’introspection individuelle et l’exploration sociétale, quand affleurent les angoisses intimes et les tourments collectifs
Avec Bestiarium l’artiste présente un bestiaire qui n’est jamais naturaliste mais symbolique, chaque animal faisant signe vers l’impalpable, entre désolation et abandon, pulsion et mélancolie. Pas de nature morte ici : tout est vivant, tout pulse et tout tremble. Ces bêtes faussement naïves viennent dire l’épaisseur politique d’un monde fait de conflits, de luttes et de résignations, mais aussi de joies, de consolations et d’espoirs. Car si l’homme est un animal politique, le monde est le théâtre splendide de la cruauté…
Boris Taslitzky (1911-2005) : L’art en prise avec son temps
Présentant une cinquantaine de peintures, souvent monumentales, et de très nombreux dessins ainsi qu’une tapisserie, cette première exposition monographique d’envergure évoque surtout l’artiste « engagé », ou « concerné », à travers non seulement ses grandes compositions consacrées aux causes politiques de sa génération, dans la lignée de la peinture d’histoire davidienne, mais aussi ses autoportraits et portraits, ses paysages ou ses natures mortes. Le propos se concentre sur les œuvres des années 1930-1970 et s’articule autour de quelques séquences thématiques et chronologiques fortes, comme les 200 dessins réalisés à Buchenwald en 1944-1945, les immenses tableaux inspirés à la Libération par les épreuves de la guerre (notamment La Pesée à Riom ou Le Petit camp), les représentations du travail industriel et des luttes syndicales à la fin des années 1940 (autour du célèbre portrait de groupe Les Délégués), les réactions à la guerre du Vietnam en 1951, le reportage réalisé en Algérie en 1952 ou encore la série de 63 dessins à l’encre qui fixent, de 1965 à 1972, les banlieues populaires du nord-est parisien en pleine mutation
Novalis Terra
L’exposition explore l’aspect céramique qui parle d’une culture et d’une discipline arrivées à maturité par la force de la singularité du propos et de la technicité des artistes. NOVALIS TERRA met en avant des genres et des tendances novatrices, à l’image de la diversité des approches artistiques de trois créateurs qui cohabitent au sein d’une même discipline et d’un même espace. L’exposition convoque ainsi des éléments phares de la céramique contemporaine au Québec pour créer des liens entre les artistes Laurent Craste, Pascale Girardin et Amélie Proulx, et célébrer un présent fertile et singulier en nouvelles expériences esthétiques.
La pratique de Laurent Craste s’attarde aux archétypes historiques de la céramique et sa recherche est centrée sur une l’exploration conceptuelle des objets décoratifs dans leur dimension sociologique, historique, idéologique et esthétique. L’expression des formes variées et épurées de Pascale Girardin est un reflet de sa préoccupation de l’apparente dichotomie entre environnement urbain et architectural actuel et naturel. La porcelaine est aux fondements des recherches d’Amélie Proulx et ses réalisations évoquent les cycles de transformation de la matière et un perpétuel glissement de sens dans la perception de phénomènes naturels. Les œuvres présentées véhiculent un contenu souvent complexe, usant de symboles ou de propos narratifs auxquels s’ajoutent des images personnelles des artistes ou des éléments issus de la codification sociale, culturelle, environnementale ou politique.
Les Gérard Cochet (1888-1969) de la Piscine
Les dessins de costumes et de décors de théâtre et de ballet du peintre et graveur Gérard Cochet (1888-1969), sont réunis à Roubaix grâce à une donation exceptionnelle de la famille de l’artiste, consentie au musée en 2009.
Né à Avranches, Gérard Cochet grandit à Nantes où il s’initie très jeune à la peinture avec son ami Amédée de La Patellière (1890-1932), tout en poursuivant des études classiques à l’école des Beaux-Arts de Nantes puis à l’Académie Julian à Paris. Après la première guerre où il fut blessé et perdit un oeil, il engage une belle carrière, scandée par de régulières participations aux salons de la Nationale des Beaux-Arts, des Indépendants, d’Automne et de la Jeune Gravure Contemporaine. Parallèlement à sa carrière de graveur, il développe un œuvre peint qui le rapproche de la Jeune Peinture Française dont les membres les plus représentatifs sont Dunoyer de Segonzac, Marcel Gromaire, Charles Dufresnes et ses amis Yves Alix et Robert Lotiron. Ce mouvement informel incarne, pour le critique Claude Roger-Marx, une certaine « mesure française ». Ils élaborent un réalisme renouvelé et affirment un certain sensualisme. Gérard Cochet sera le peintre des paysages et des paysans de la Manche, des champs de course, des intérieurs bourgeois et évoquera aussi régulièrement l’univers du théâtre et de la musique, qu’il affectionna tant et que cette exposition met en valeur en présentant les projets de costumes et de décors pour les productions Manon Lescaut de l’abbé Prévost et Jules Massenet (1938), Les Noces de Figaro de Mozart (1939) et Amphytrion 38 de Jean Giraudoux et Marcel Bertrand (1944), auxquelles il collabora.
Pour se reposer entre les expositions, prenez place dans le jardin intérieur, ou sustentez vous à la brasserie Meert au sein du musée d’une bonne gaufre ou d’un repas complet.
du 12 mars au 29 mai 2022
La Piscine, 23 rue de l’Espérance, 59100 Roubaix
Du mardi au jeudi de 11h à 18h – Le vendredi de 11h à 20h – Les samedi et dimanche de 13h à 18h – Fermeture le lundi, le 1er janvier, le 1er mai, le jeudi de l’Ascension, le 14 juillet, le 15 août, le 1er novembre et le 25 décembre.
photos : Véronique Spahis