Il est des lieux que le temps ne lasse jamais. Des villages où, une fois l’an, la mémoire se fait vivante, la rue s’illumine de chants anciens, les mains se tendent, les visages s’éclairent. Là, la fête n’est pas qu’un divertissement : elle est un héritage, un ferment d’identité, une offrande collective à l’instant présent. C’est cet esprit que célèbre le label « Les Plus Belles Fêtes de France », qui a distingué le 17 juin 2025 au Sénat, 48 nouvelles manifestations, portant à 60 le nombre total de fêtes labellisées sur l’ensemble du territoire.




Une France festive et patrimoniale
Ce label, créé en 2022, ne s’acharne pas à figer des traditions dans l’ambre du passé, mais à accompagner leur vitalité contemporaine. Loin d’un folklore muséifié, il récompense les fêtes qui savent conjuguer enracinement local et ouverture au monde, mémoire et modernité, ferveur populaire et excellence organisationnelle. Chaque fête labellisée devient ainsi ambassadrice d’un patrimoine vivant, joyau d’une France plurielle où la convivialité s’élève au rang d’art de vivre.
Le jury — composé d’élus, de journalistes, de spécialistes du patrimoine et d’organisateurs d’événements — a passé au crible 170 candidatures, avec pour boussole une exigence claire : l’intelligence du territoire. Être capable de fédérer les générations, de transmettre un récit commun, d’offrir aux visiteurs une expérience sensorielle forte et de faire battre le cœur d’une commune au rythme de sa mémoire collective.
Une mosaïque d’émotions et de traditions
Parmi les heureuses élues de cette édition 2025, un kaléidoscope de célébrations : la vibrante Fête de la Saint-Laurent à Bessan, la théâtralité des Médiévales de Cerisy, le panache agricole de la Fête du Fin Gras du Mézenc, l’ivresse gourmande du cassoulet à Castelnaudary, ou encore le souffle maritime de la Fête des Vikings à Jumièges. D’autres, plus confidentielles, révèlent des trésors d’inventivité : carnavals de villages, fêtes des moissons, processions baroques, bals champêtres et musiques d’antan.
Toutes racontent une France des racines, un pays qui, derrière l’apparente uniformité des vitrines globalisées, conserve encore des poches de magie locale, des instants suspendus où la communauté s’offre à elle-même.
Un label, des moyens et des ailes
Au-delà de l’honneur, le label ouvre la voie à des moyens concrets : subventions jusqu’à 7 200 €, réduction des droits SACEM, accompagnement personnalisé, mais aussi visibilité nationale via un guide touristique dédié, des émissions audiovisuelles en production, et une signalétique officielle en entrée de commune. Une stratégie ambitieuse qui vise à faire des fêtes un vecteur de tourisme durable et un levier de revitalisation des campagnes.

Dans un monde où la communauté se délite, où l’anonymat urbain gagne du terrain, la fête de village devient un acte de résistance douce : elle nous rappelle que la joie est un bien commun, et que la transmission passe aussi par le rire, la musique, la beauté partagée.
L’urgence d’un élan collectif
Car il y a urgence : 30 % des fêtes locales ont disparu depuis quatre ans, étranglées par les coûts, la paperasse et le désengagement bénévole. Le label vient répondre à ce péril en valorisant non seulement les fêtes elles-mêmes, mais l’élan humain qui les rend possibles. Il salue ces mains qui cousent les costumes, montent les estrades, mijotent les plats, répètent les danses — et, surtout, tissent les liens.
Labelliser la fête, ce n’est pas l’enfermer : c’est la reconnaître comme un trésor collectif. Qui n’a pas de souvenir de ces fêtes où, enfants, nous avions des paillettes dans les yeux ?
et pour découvrir ces 48 nouvelles fêtes labellisées, c’est ici : https://www.lesplusbellesfetesdefrance.fr/actualites/le-label-plus-belles-fetes-de-france-decerne-a-48-nouvelles-fetes
Véronique Spahis