Alors que les Jeux Olympiques de Paris 2024 débutent – dans un contexte mondial chargé de tensions et de guerres – l’exposition présentée au Frac Bretagne Les Jeux Olympiques, 1964 – 1980 du photographe Raymond Depardon témoigne aussi de ce furent ceux de ces années où des faits historiques ont dépassé de loin le champ sportif.
Remarquablement présentées sur des fonds de couleurs différenciant les années, les tirages rendent hommage aussi bien au photographe qu’aux athlètes.
Après 1980, la couleur étant plébiscitée au noir et blanc, Raymond Depardon n’a pas couvert d’autres jeux.
L’œil du photographe : des photographies devenues cultes des Jeux Olympiques
En 1964, Raymond Depardon est depuis quatre ans salarié en tant que photographe reporter pour l’agence Dalmas. Il est alors envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux olympiques d’été et fait ainsi ses premiers pas de photographe de sport. Essai gagnant puisqu’il officiera finalement durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou en 1980.
Lors de ces événements, le photographe apprend que, pour saisir la beauté du moment, il faut le devancer. Ainsi parvient-il à immobiliser l’exploit, la force et l’émotion extrême : le désespoir de Michel Jazy après sa défaite à l’épreuve du 5 000 mètres à Tokyo (1964), la joie éclatante de Colette Besson remportant le 400 mètres à Mexico (1968), ou la grâce et la perfection de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci à Montréal (1976). Autant d’images désormais gravées dans l’histoire du sport.
Mais Raymond Depardon fige également d’autres instants, des faits historiques qui dépassent de loin le champ sportif. À travers ses images, s’écrit un récit de la guerre froide et des luttes sociales qui résonne toujours un demi-siècle plus tard. Il y a, en effet, bien des ponts à établir entre la prise d’otages de la délégation israélienne à Munich en 1972 et l’actualité au Moyen-Orient, ou encore entre le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico en 1968 et le mouvement Black Lives Matter.
L’Histoire à travers le Sport
Pensée en six sections correspondant aux 6 olympiades photographiées par Raymond Depardon entre 1964 et 1980, l’exposition dresse en 165 photographies un portrait aussi bien sportif que politique et géopolitique d’un monde en pleine guerre froide.
1964 – Jeux d’été à Tokyo : 20 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et ses dramatiques épilogues de Hiroshima et Nagasaki, le Japon s’ouvre au monde en accueillant les JO.
1968 – Jeux d’hiver à Grenoble : Premières olympiades d’hiver organisées par la France, inaugurée par le Général de Gaulle et pendant lesquelles se démarque le jeune skieur Jean-Claude Killy.
1968 – Jeux d’été à Mexico : « Ce furent les plus beaux Jeux Olympiques » – c’est par ces mots que Raymond Depardon qualifie cet évènement. Précédés par une répression sanglante du gouvernement mexicain, ces Jeux sont marqués par une série de records battus et d’événements historiques. Le poing levé des athlètes afro-américains sur le podium restera à jamais l’image de la lutte pour les droits civiques.
1972 – Jeux d’été à Munich : Ces olympiades seront tristement marquées par la prise en otage de la délégation israélienne par le groupe armé révolutionnaire palestinien Septembre noir. Cette année-là, Raymond Depardon parvient à saisir le nageur Mark Spitz, qui remporte 7 médailles.
1976 – Jeux d’été à Montréal : La jeune gymnaste roumaine Nadia Comaneci obtient 7 fois la note maximale. Sa discipline et son talent font d’elle la vedette de ce début des Jeux, et le photographe, maintenant rodé à l’exercice, réalise des prises de vues qui feront la couverture de nombreux magazines en France.
1980 – Jeux d’été à Moscou : Les olympiades sont boycottées par nombre de pays en réaction à l’invasion soviétique en Afghanistan.
Du 15 Juin 2024 au 5 Janvier 2025
FRAC Bretagne, 19 avenue André Mussat, 35000 Rennes
Ouvert du mardi au dimanche de 12 h à 19 h.
Photos : Véronique Spahis