Ilse, Irma, Margareth, Erika, Hermine, Gudrun, Pauline, Erna, Herta, pour n’en citer que quelques-unes de ces tueuses du régime nazi durant la seconde guerre mondiale, se sont illustrées par leur cruauté. De Berlin à Vienne, en passant par la Biélorussie, la Pologne ou l’Ukraine.
Vêtues de leur tenue de ville ou de l’uniforme des nazis, elles se sont mises dans la peau des hommes bourreaux, elles ont assisté aux fusillades de déportés au bord d’une fosse, tiré sur des enfants après leur avoir donné des bonbons, expérimenté des traitements létaux sur des bébés, des femmes, des handicapés.
L’image est si forte que l’on est en droit de se demander comment des femmes qui ont donné la vie, porté des bébés dans leur ventre, peuvent câliner leurs enfants et sortir en tuer d’autres ensuite. Sans manifester aucun état d’âme ni remord. Pour ces tueuses qui n’ont nul besoin de tenir une arme pour tuer, les autres ne sont pas des humains. Certaines d’entre elles ont laissé assassiner des vies considérées comme inutiles selon leur idéologie.
Comme l’écrit le psychanalyste André Green, « le mal est sans pourquoi ». Mais il a un comment… Des milliers de secrétaires ont tapé ou sténographié des listes d’êtres humains destinés aux chambres à gaz comme on établit des sites de marchandises avariées. Sans scrupule, elles ont refoulé, aboli leurs affects, elles ont obéi aux ordres… Elles ont utilisé des êtres humains, les traitant en esclaves.
On pourrait même ajouter, au regard des enquêtes internationales : sans gardiennes, sans femmes, pas de génocide. Et toutes sont restées fidèles au Führer sans jamais renier leurs actes devant leurs juges, complices jusqu’au bout de la cruauté nazie. « Qu’en déduire ? Doit-on assigner encore les femmes à une fonction protectrice, nourricière ? » s’interrogent Minou Aboulai et Véronique Timsit.
Christian Duteil
Les tueuses : Ces femmes complices de la cruauté nazie, de Minou Azoulai et Véronique Timsit
Editions Privat – Roman Historique – paru le 21 Mars 2024 – 200 pages –