L’Esprit-Matière
Pierre Teilhard de Chardin naquit à la fin du XIXème siècle, une période où l’industrialisation battait son plein. Une époque de révolutions scientifiques et technologiques qui mirent à mal la pensée religieuse. L’idée qu’il serait possible un jour prochain de donner à toute chose une explication scientifique, se répandait comme une trainée de poudre, faisant la part belle au matérialisme, constituant lui-même un terreau fertile au libéralisme et au capitalisme. Prêtre jésuite, paléontologue, théologien et philosophe, on peut considérer que Teilhard renouait avec une approche pluridisciplinaire qui avait peu à peu disparu depuis la Renaissance.
Homme de foi passionné de sciences, il s’intéressa à la géologie et à la paléontologie, en particulier l’apparition des premiers hominidés et l’encéphalisation des primates. La complexité croissante de l’organisation de l’univers et de la vie le conduire à s’interroger sur l’émergence de la spiritualité humaine, à émettre l’hypothèse que matière et esprit pouvaient être deux faces d’une seule et même réalité, et à proposer une interprétation de la Genèse biblique qui lui valut les foudres du Vatican.
Sa pensée a depuis imprégné bon nombre de chercheurs, scientifiques et philosophes. Ce spectacle – qui assume totalement un parti pris didactique – nous emmène avec beaucoup de grâce et une capacité à vulgariser le propos, sur les traces de cet homme hors du commun, dont les voyages en des contrées lointaines, de la Chine à l’Amérique du Nord, lui permirent d’éprouver ses théories à l’aune de cultures et de pratiques spirituelles différentes mais convergentes. L’attrait du spectacle réside en ce que les deux comédiens s’adonnent à une joute intellectuelle non sans omettre de traduire les émotions, les sentiments de révolte, de peur, d’apaisement qui traversent leurs personnages, au moment où l’un d’eux doit faire face à la maladie et à la mort. Un spectacle mis en scène avec finesse dont la portée philosophique vous poursuit délicieusement bien après que le rideau ne soit retombé sur la scène. Un rideau qui tombe pour qu’un voile se lève ? Peut-être bien. A vous d’en juger…
Le pitch :
Comment la vision animiste des amérindiens peut-elle se retrouver dans la pensée de Teilhard de Chardin où foi et physique quantique se répondent ?
Qu’y-a-t-il de commun entre un indien Cree et un père Jésuite ? Où se trouve le point de passage entre une pensée immatérielle et un acte matériel ? Comment dépasser le verdict implacable de la mort ? Et si l’esprit et la matière n’étaient que les deux faces d’une même réalité ?
Comment faire entendre sur la scène d’un théâtre la pensée d’un religieux, d’un scientifique et d’un philosophe aussi riche et complexe que celle de Pierre Teilhard de Chardin ?
Le metteur en scène et auteur Jean Quercy a imaginé un dialogue entre un médecin et son patient dans une situation ancrée dans notre quotidien et a utilisé un texte rédigé par André Daleux pour vulgariser la pensée de Teilhard.
L’esprit-matière
Auteurs : Jean Quercy et André Daleux, d’après les travaux de Pierre Teilhard de Chardin
Mise en scène : Jean Quercy
Avec : Brigitte Damiens et Éric Auvray
Jusqu’au 24 mars les mardis à 19 h et les samedis à 16 h
Et les mardis 3 et 10 avril a 19 h
Théâtre de Nesle
8 rue de Nesle
75006 PARIS
David Fargier – Vents d’Orage