Rendre vivantes des lettres échangées durant 10 ans à travers l’Europe entre Kappus, jeune poète, cadet à l’école militaire et Rilke grand poète et penseur de son temps, tel est le pari réussi de Jean Christophe Barbaud.
L’adaptation théâtrale de Lettres à un jeune poète est jouée du 14 au 24 mars au théâtre de l’épée de bois
Si le jeune Kappus entre en contact avec le grand Rilke, c’est pour lui demander conseil à propos de ses choix de vies. Une relation d’amitié se noue alors entre les deux hommes, soulevant des doutes, interrogations et pensées finalement universels avec délicatesse et sensibilité.
Frederic Schmitt incarne tant Rilke que Kappus à travers un découpage bien mené des textes du poète. Ces 10 lettres sont de réels traités de philosophie. Écrite par un poète, cette pensée est d’autant plus accessible et l’idée en est embellie. Rilke nous convie à des réflexions sur l’art, le doute, la solitude ou encore l’amour. Pour retranscrire au mieux ces réflexions au théâtre, le comédien arbore les multiples facettes du poète et de son interlocuteur, usant de sa présence scénique pour briser le quatrième mur.
Le décor est sobre, deux chaises, une valise et les boiseries du théâtre de l’épée de bois immergent davantage le spectateur dans l’ambiance. C’est une pièce dont le décor et la mise en scène font le charme. Le comédien arbore une gestuelle poétique, presque dansante, joue avec son ombre, donnant une résonnance originale aux mots de Rilke.
Le Théâtre de l’épée de bois, situé dans le bois de Vincennes est construit dans une ancienne usine d’armement. Le lieu entouré de verdure et l’intérieur décoré de boiseries, nous emportent dans une autre époque où il est agréable de se sentir dépaysé.
C’est ainsi que nous est offert un moment hors du temps, une parenthèse théâtrale marquante. Les mots de Rilke tant sur l’amour que sur le doute trouveront un écho en chaque spectateur, peu importe l’âge.
Le projet de Frederic Schmitt et de son metteur en scène est d’inviter son public à une introspection, à un « voyage au plus profond de nous-mêmes ». Nul doute que cette pièce est une réussite. Alors que ces lettres datent de 120 ans, elles n’ont jamais retenti avec une telle modernité.
Rilke aimait les œuvres d’art et les célébrait comme « des êtres dont l’existence ne finit pas », c’en est ici le plus bel hommage.
Lou Brunet
Du 14 au 24 mars 2024, du jeudi au samedi à 21h et à 16h30 les samedis et dimanches.
Lettres à un jeune poète, Un voyage aux sources de la création de Rainer-Maria Rilke, Adapté et mis en scène par Jean-Christophe Barbaud et joué par Frédéric Schmitt.
Théâtre de l’épée de bois, Cartoucherie, Route du champ de manœuvre 75012 Paris.