C’est dans la petite salle 01 du Reflet Médicis que nous avons pu découvrir le dernier film d’Albert Serra lors d’une séance spéciale. Réalisé en 2019, « Liberté » a été récompensé au Festival de Cannes, en remportant le Prix spécial du jury dans la catégorie Un certain regard. Serra, réalisateur catalan né en 1975, nous offre pour la deuxième fois un film historique, après « La mort de Louis XV » (2016).
Nous sommes encore une fois au XVIIIe siècle. Chassés de la cour royale de Louis XVI, un groupe de libertins planifie de fuir jusqu’en Allemagne, où ils espèrent pouvoir pratiquer leur mode de vie en toute impunité. Lors de la fuite, le petit groupe croise le chemin d’un couvent. Tout au long du film on verra leur tentative de séduire les novices de ce dernier, pour qu’elles adoptent ces mœurs particulières, qui mélangent plaisir et douleur de la manière la plus intime qui soit.
« Liberté » est un film adapté de la pièce de théâtre du même nom, toujours d’Albert Serra. Les dialogues sont restés exactement les mêmes, ainsi Serra a pu travailler bien plus en profondeur sur la réalisation du long-métrage. On remarque tout de suite sa manière très particulière de filmer : les plans fixes s’enchainent pendant 2h12. Serra est complètement indépendant de la caméra. Liberté est un huis clos ouvert dans une forêt en pleine nuit, ce qui donne un ton très spécial au film. Durant toute une nuit on assiste à des scènes de sexe plus ou moins dérangeantes, mais pour autant on ne peut pas dire que c’est le sujet principal de ce film. L’éternel débat entre moralité et plaisir reste l’élément central de l’histoire. Le peu de dialogue présent dans le film invite à l’introspection. Les acteurs maitrisent le chuchotement à la perfection, et le mélange de différentes langues prouve bien que la réflexion sur le libertinage est universelle, ainsi que toutes les questions qu’elle peut amener par la suite. Helmut Berger, Xavier Pérez, Marc Susini, Iliana Zabeth… : Serra réunit un casting très divers, composé d’acteurs de cinéma et de théâtre, mais également d’amateurs, d’amis et autres. Un casting de différentes origines, et qui fonctionne très bien. Enfin, le jeu de lumière, entre naturel et artificiel, clair et obscur, souligne l’action tout au film. On se retrouve très confus lorsque le jour se lève, et encore plus à la sortie de la salle.
Liberté sortira prochainement en salles.
Talia Gaudé