Napoléon 1er, Odiot et Sèvres – Des savoir-faire au service de l’Empereur
Le 6 octobre dernier à la Galerie Aveline (Place Beauvau à Paris), à l’invitation de Pia Hofmann Piard, Présidente de la Maison Odiot, eut lieu une soirée de clôture de l’exposition inédite « Impérial & Royal », qui révélait la splendeur inégalée de l’orfèvrerie française & de la porcelaine à l’âge d’or des arts décoratifs.
Au-delà du prestige historique, ces pièces d’exception, issues de la manufacture de porcelaine de Sèvres et de la maison d’orfèvrerie Odiot, témoignent d’une technique parfaitement maîtrisée et d’un exceptionnel équilibre esthétique.
Tandis qu’un artisan orfèvre de l’atelier Odiot magnifiait sur son établi une coupe d’argent selon la technique du martelé, les invités – venus en nombre – ont pu admirer ces fabuleuses pièces d’orfèvrerie commandées par l’Empereur et la Famille Impériale pour leurs propres résidences, leurs réceptions particulières et leurs présents diplomatiques.
Au fil des salles, nous avons pu découvrir des pièces extraordinaires dont :
– la Lampe Biennais, réalisée pour Napoléon et reprise ensuite par Louis XVIII. Cette somptueuse lampe en vermeil orne aujourd’hui le bureau du Président de la République Française au palais de l’Elysée.
– Le petit faune portant une coupe « Sein de Pauline » : Jean-Baptiste Claude Odiot, orfèvre attitré de l’Empereur, a réalisé à la demande de sa soeur Pauline Borghèse plusieurs oeuvres inoubliables, dont cette célèbre coupe qui aurait été moulée sur le sein même de la princesse. Ornée de son symbole, un gracieux papillon, elle est jovialement portée par ce petit faune en vermeil.
– Le service de couverts « Laetitia », orné d’un paon et de cornes d’abondance, symboles de richesse et de séduction. Commandé par Laetitia Bonaparte, mère de l’Empereur, il est un parfait exemple de l’élégance fastueuse du 1er Empire.
– Le drageoir aux Maréchaux, l’un des présents que Bonaparte offrait à ses maréchaux victorieux en récompense de leur bravoure sur les champs de bataille.
– La coupe ovale aux puttis, délicatement ciselée, dont les pieds en forme de sphynges évoquent si élégamment la campagne d’Egypte de Napoléon.
– La salière double femme dos-à-dos et le moutardier femme à genoux, inspirés de l’antiquité greco-romaine très prisée sous le premier Empire.
Chez Odiot, le savoir-faire et l’inspiration traversent les siècles, entre les mains expertes des orfèvres, pour doter la vie d’un sens extrême échappant à toute raison, et ainsi sublimer la réalité…
La Maison Odiot :
Fondée en 1690, la Maison Odiot conquiert sa notoriété sous le règne de Louis XV avec Jean Baptiste Gaspard Odiot, reconnu comme l’un des meilleurs orfèvres de son temps.
C’est sous l’Empire et ses fastes, qu’a été ouverte une page de gloire pour Odiot, sous la houlette de Jean-Baptiste Claude, petit fils de Jean Baptiste Gaspard, qui verra son extraordinaire talent récompensé par les prestigieuses commandes de l’Empereur et de sa famille : le sceptre et l’épée du Sacre, le berceau du Roi de Rome, les immenses services de Madame Mère et de Pauline Borghese, le service de campagne de l’Empereur…
A cette époque, les modèles élaborés par Odiot, sont marqués par le retour à l’antique et l’usage très fréquent du vermeil. Ils comptent sans conteste parmi les plus belles créations que l’orfèvrerie française ait produite. La réputation d’Odiot traverse alors les frontières de l’Empire et lui ouvre les portes de toutes les Cours d’Europe.
Une histoire de famille :
Charles Nicolas Odiot sera le digne successeur de son père et deviendra le fournisseur attitré du Roi Louis-Philippe et de la famille d’Orléans. Il excellera dans le retour du style rocaille. Puis c’est son fils Gustave qui devient à son tour l’orfèvre des grands et des puissants. C’est lui qui réalisera la plus grande commande que la Maison Odiot ait jamais reçue: pas moins de trois mille couverts en or pour Saïd Pacha, vice-roi d’Egypte. C’est encore lui qui obtiendra le titre de Fournisseur de la Cour de Sa Majesté Impériale le Tsar. Il est le dernier des Odiot à tenir les rênes de l’entreprise. De père en fils, les Odiot auront dirigé l’entreprise jusqu’en 1906, soit pendant plus de deux siècles !
D’hier à aujourd’hui :
Odiot est un cas unique au monde de préservation d’un savoir-faire exceptionnel qui s’appuie sur une collection inégalable de moules et de dessins, constituée au fil des siècles, à la faveur de prestigieuses commandes. Source d’inspiration et d’incitation à la recherche incessante de la belle œuvre, parfaitement exécutée, cette histoire est aussi le fruit d’artistes qui, à leur époque ont osé créer, mariant l’audace, la virtuosité et l’harmonie.
En 2016, l’arrivée du designer Mauricio Clavero Kozlowski comme Directeur Artistique (précédemment chez Daum et Haviland), perpétue cette aventure qui n’est pas prête de s’arrêter.
Des invités :
Véronique Grange-Spahis
Photos : Alain Robert