Raconter Orgueil et Préjugés de Jane Austen une pièce non seulement hilarante mais aussi musicale ? C’est le pari, brillement accompli, de la pièce de d’Isobel Arthur transformée en version française par Virginie Hocq et Jean-Marc Victor qui se joue depuis le 25 janvier au Théâtre Saint-Georges.
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C’est avec surprise que nous sommes accueillies dans la salle du Théâtre Saint-Georges par une guitare électrique live et des classiques pop détournés avec une (grande et délicieuse) touche d’humour français. L’ambiance est électrique, bien loin du ton guindé et « oh so british » caractéristique des œuvres de Jane Austen. Le cast 100% féminin nous annonce que le classique de la littérature britannique va être raconté du point de vue des domestiques ayant côtoyé les Bennet… Ne pouvant pas trop vous dévoiler, car il y a pléthore de surprises hilarantes et remarquablement bien trouvées, nous allons devoir nous arrêter là dans la description du scénario (qui respecte fort bien la trame de l’histoire originale et la compressant parfaitement). On a aussi des mises en contexte qui aident à la compréhension de ce texte assez dense, donc pas besoin de lire le roman en avance ou de voir le film (bien que la version avec David Matthew Macfadyen en Monsieur Darcy en vaille la peine).
Le dialogue est lui, par contre, bien moderne et se fusionne à des paroles hilarantes chantées par des comédiennes extrêmement talentueuses. Au rendez-vous : Fuck you, Your Song, All by myself… Tout ça décliné en français. Les chansons s’insèrent parfaitement dans la mise en scène et rajoutent une dimension émotionnelle, d’autant plus réussie que la musique est live et est chantée par des actrices qui n’ont rien à envier à Broadway (notamment leur énergie impressionnante, car à elles incarnent à elles cinq tous les personnages du roman).
Et pas d’inquiétude, Monsieur Darcy (l’élément clé du récit qui a, en partie crée cet engouement fou autour de l’œuvre), est parfaitement pétri de snobisme et de lyrisme amoureux. Cette réinvention d’Orgueil et Préjugés met aussi en avant de manière humoristique deux personnages souvent passés au deuxième plan : la mère Bennett (littéralement « au bout du rouleau » par le manque de succès marital de sa progéniture) et George Wickham, qui fait un peu penser aux coureurs de jupons contemporains. Le texte, très bien écrit, touche tout en subtilité des thématiques sur le consentement et le Girl Power tout en respectant le cadre du début du 19ème siècle.
On en ressort énergisés d’avoir tant ri à gorge déployée, dans une ambiance électrisante ou toute la salle se prête au jeu. Orgueil et Préjugés… ou presque est un concentré d’humour décapant et de talent, un shot de bonheur à consommer sans modération !
Clara Alle
Du 24 janvier au 26 avril 2025 – Du mercredi au samedi à 21h – Le dimanche à 17h
Théâtre Saint-Georges, 51 rue St Georges, 75009 Paris