Le 23 juin 2025, la péniche parisienne Le Mazette a accueilli la deuxième édition des Trophées Écotable, un rendez-vous désormais incontournable pour celles et ceux qui placent l’écologie au cœur de leur cuisine. Loin des paillettes et du sensationnalisme, ces trophées saluent l’engagement concret et mesurable d’établissements de toute taille, engagés dans une transition alimentaire plus respectueuse de la planète et des humains.
Un palmarès fondé sur des preuves, pas des promesses
À l’origine de cette initiative : Écotable, le label fondé en 2019 par Fanny Giansetto et Camille Delamar, qui accompagne les professionnels de la restauration dans leur démarche écoresponsable. Plus qu’un simple label, Écotable propose un véritable écosystème : plateforme d’audit, réseau, formations, outils d’amélioration continue.
Les Trophées Écotable s’en démarquent par leur rigueur méthodologique. Ici, pas de jury de célébrités, ni de coup de cœur subjectif : les lauréats sont sélectionnés sur la base d’un audit environnemental chiffré, réalisé via la plateforme Impact. Plus de 150 critères répartis sur huit axes (déchets, approvisionnements, carte, santé, ressources, communication, éthique et non-alimentaire) permettent d’évaluer la performance réelle des établissements engagés.
Pour être éligible, il faut avoir été audité au cours des 12 derniers mois — une façon de garantir l’actualité des pratiques et l’honnêteté des résultats.
Les 11 lauréats de l’édition 2025
Le cru 2025 reflète toute la diversité de la restauration française : des restaurants indépendants, des groupes, des écoles, des hôtels, des cantines… Chacun à sa manière illustre une restauration à impact positif.
Restaurant le plus engagé : Le Limonadier (Lyon), une adresse inventive mêlant bar à tapas, bistronomie et zéro déchet. Une cuisine de cœur portée par Théo Goethals, Robin Dufoix et le chef Jorge Lara, qui conjugue plaisir et conscience.
Restaurant végétal : Sezono (Paris), la table ultra-créative d’Ai Loan, 100 % végétarienne, locale, de saison, et à l’empreinte carbone minimale.
Restaurant bio : Balagan (Marseille), une cantine végétale sans gluten et solidaire, menée par Yannick Ganem. Bio, insertion sociale, traiteur et restauration : un modèle multifacette.
Restauration collective engagée : Club ST Microelectronics à Grenoble (avec Elior). Premier club de direction à décrocher trois macarons Écotable dès l’audit initial. Une référence pour le secteur.
École engagée : La Source, école de cuisine présente à Paris, Bordeaux et Toulouse. Elle forme la relève culinaire aux gestes durables, avec un programme 100 % aligné sur les enjeux contemporains.
Groupe engagé : Arkose, pionnier de l’escalade-restauration. Chaque établissement Arkose vise la labellisation Écotable, avec accompagnement et challenges à la clé pour ses équipes.
Restaurant ancré dans son territoire : Les Roseaux Pensants (Cormery, Indre-et-Loire). Laurène et Stéphane y font rayonner une cuisine poétique, brute, enracinée dans le terroir tourangeau.
Territoire engagé : Destination Angers et Angers Loire Métropole, qui accompagnent activement une trentaine de restaurateurs vers la labellisation, en finançant leur transition écologique sur trois ans.
Boulangerie engagée : Maison Arlot Cheng (Nantes), une boulangerie-pâtisserie de haute volée qui mêle levain, bio, boissons de spécialité et créations minimalistes.
Meilleure progression : Maison Bohème (Marseille). Ce restaurant familial a opéré une transformation impressionnante en un an, avec circuits courts, bio, végétalisation de la carte et réduction drastique des déchets.
Hôtel engagé : Hôtel Tandem (Strasbourg), qui prouve qu’un 4 étoiles peut rimer avec durabilité. Petit-déjeuner local et bio, transports doux, matériaux écoresponsables : tout y est pensé pour limiter l’impact environnemental.
Certaines catégories donnent même lieu à un classement plus large, révélant un vivier d’initiatives prometteuses. Parmi les autres finalistes notables : Le Bouche à Oreille, Véro L’Autre Cantine, ou encore BETC Kitchen côté restauration collective.
Plus qu’une cérémonie : un écosystème vivant
Au-delà de la remise des prix, la journée a été rythmée par des temps forts : ateliers participatifs, table ronde, enregistrement de podcast, interventions de personnalités inspirantes comme le biologiste Marc-André Sélosse ou la militante Lola Perrier. Un stand-up engagé et un dîner à 36 mains signé par des chefs labellisés (dont Le Meurice, Bonnotte, Les Roseaux Pensants, Sola…) ont clos la journée dans un esprit festif, mais résolument conscient.
Ce format hybride — entre réflexion, action et célébration — a su fédérer l’ensemble de la filière autour d’un objectif commun : rendre la restauration durable désirable, et surtout réalisable.
Vers une restauration de plus en plus responsable
Les Trophées Écotable sont bien plus qu’un palmarès. Ils incarnent une vision : celle d’une gastronomie en harmonie avec le vivant. Une cuisine qui se met au service du goût, mais aussi du territoire, du climat, de la santé, du lien social.
À l’issue de l’événement, un livre blanc sera publié pour compiler les meilleures pratiques, les freins rencontrés, et les leviers d’action identifiés lors des ateliers. L’objectif : diffuser largement les enseignements de cette édition, et accompagner encore davantage d’acteurs vers la transition.
Avec ses trophées, Écotable offre un éclairage essentiel sur les restaurateurs, hôteliers, artisans et collectivités qui agissent déjà. Des lieux où l’on mange bien, mais surtout en conscience. Des modèles qui prouvent que l’engagement peut rimer avec rentabilité, créativité, et excellence.
En 2025, la planète a plus que jamais besoin d’une cuisine éclairée. Et grâce aux Trophées Écotable, elle sait désormais vers quelles tables se tourner.
Véronique Spahis
Pour retrouver tous les restaurants « Ecotable » : https://ecotable.fr/