Au Théâtre de Poche-Montparnasse, Pierre-Olivier Mornas et Alice d’Arceaux redonnent vie au chef-d’œuvre ironique d’Honoré de Balzac, Petites misères de la vie conjugale, en l’adaptant pour la scène avec une énergie réjouissante. Dans la peau de Caroline et Adolphe, ils décortiquent avec malice les travers d’un mariage où l’amour et les nerfs se livrent une bataille quotidienne.


Le spectacle, construit comme une série de tableaux tirés de l’ouvrage de Balzac, explore avec humour et lucidité les différentes étapes de la vie à deux : le romantisme des débuts, la routine du quotidien et l’arrivée d’un enfant… Tout y passe : des petites vexations aux compromis, des piques aux maladresses, des soupirs exaspérés d’un matin pressé, aux jalousies déclenchées par un simple regard, d’une belle-mère envahissante à un mot de trop lancé par orgueil et d’un dîner mondain qui dérape à une réconciliation sur l’oreiller. Toutes ces “petites misères”, à la fois drôles et universelles, se muent en autant de miroirs où chacun reconnaît ses propres travers amoureux.

Le décor, véritable petit écrin de théâtre, allie velours rouge, paravent, coiffeuse d’époque et sofa à pampilles. Loin d’être figé, il devient un espace vivant, animé par les comédiens qui en exploitent chaque recoin. Le spectateur se laisse emporter, comme invité chez eux, témoin des querelles et des réconciliations d’un couple qui devient très vite universel. Entre robes à plumes, queue-de-pie et haut-de-forme, tout brille de raffinement et de théâtralité, et c’est ce contraste entre l’élégance affichée et le désordre du couple qui rend chaque scène d’autant plus drôle et familière.
La mise en scène de Pierre-Olivier Mornas, à la fois rythmée et pleine d’intelligence, s’amuse à travers des références au Code civil et des apartés tordants adressés directement au public : des moments de connivence, où l’on rit de la lucidité mordante de Balzac autant que de nos propres travers.


Dans cette complicité entre scène et salle, Petites misères de la vie conjugale nous rappelle qu’entre rires, silences et désaccords, le couple reste un terrain de jeu aussi périlleux que fascinant.
Difficile de ne pas y entendre l’écho de Balzac lui-même, fin observateur des hypocrisies conjugales. Car après tout, si le mariage est « une institution nécessaire au maintien des sociétés », ne serait-il pas, malgré tout, « contraire aux lois de la nature » ?
Jacques Gehringer Delcroix
D’après Petites misères de la vie conjugaleet Physiologie du mariage d’Honoré de Balzac
Mise en scène & adaptation : Pierre-Olivier Mornas – AvecAlice d’Arceaux et Pierre-Olivier Mornas
du 13 décembre 2025 au 1er février 2026 du mardi au samedi à 21h et le dimanche à17h
Théâtre de Poche-Montparnasse, 75 Bd du Montparnasse, 75006 Paris
