Le 14 mai, dans le cadre de leur tournée et avant de poursuivre sa série de dates en France jusqu’au 28 mai puis au-delà de l’hexagone, le groupe originaire de Portland a célébré ses trois décennies de musique lors d’un concert événement à Paris.

Pink Martini, né en 1994 de la rencontre de passionnés de musique rétro, a su au fil du temps construire une identité singulière, mêlant jazz, musiques latines, airs de cabaret et compositions originales. Thomas Lauderdale, fondateur et pianiste, décrit Pink Martini comme un groupe d’« archéologues » attaché à faire revivre des chansons oubliées ou peu connues. Le concert en témoigne, alternant morceaux emblématiques et titres moins connus, tirés de leurs douze albums, comme de leur répertoire de scène.


Mené par la chanteuse emblématique China Forbes, entourée de quinze musiciens d’exception, Pink Martini a offert un concert festif et profondément vivant. Grâce à une voix qui mêle sensualité et glamour, la salle s’anime dès les premières notes, et chante à la suite tous les incontournables du groupe : du « Je ne veux pas travailler » au célèbre « Amado Mio ».
Tout au long de la soirée, le répertoire multilingue du groupe, en français, espagnol, italien, anglais ou encore portugais traverse les styles et les époques. Bossa nova, rumba, cha-cha ou boléro se succèdent, portés par des orchestrations magiques où cuivres, cordes et percussions viennent sublimer les voix du groupe.
Parmi les temps forts, Storm Large impressionne par sa voix ample et expressive, notamment dans une version inédite de « Bella Ciao » et dans ses duos avec China Forbes, dont une interprétation habitée de « Una Notte a Napoli ». La chanteuse Edna Vasquez touche également le public avec un « Bésame Mucho », tout en émotion. Autre voix du groupe, Timothy Nishimoto invite toute la salle à se lever et à se prêter au jeu lors de « Donde Estás, Yolanda ? ». Du sol jusqu’aux plus hauts gradins, chacun se prête au jeu et se met à se déhancher au rythme du tube phare de Pink Martini, dans une atmosphère vibrante et contagieuse.



Moment marquant également : l’apparition d’Angélique Kidjo aux côtés de China Forbes pour interpréter « Pata Pata ». Rayonnante, elle commence à chanter et danser avec une énergie débordante, entraînant naturellement le public avec elle. Avec une joie communicative, portée par le désir sincère de transmettre de l’amour, de la bonne humeur et un élan de fête, elle invite le public à participer, et offre une performance pleine de vie, sous les regards des spectateurs qui ne manquent pas de l’acclamer.
Mais ce qui rend ce moment encore plus exceptionnel, c’est la place accordée aux musiciens du groupe, vraiment mis en pleine lumière. Ils bénéficient de la visibilité qu’ils méritent amplement, et ont l’occasion de dévoiler toute la richesse de leur talent. Non seulement ils accompagnent les voix du groupe avec finesse et puissance, mais ils se distinguent également lors de prestations solo. On pense notamment à Phil Baker à la basse, Martin Zarzar à la batterie ou Gavin Bondy à la trompette. Chaque musicien devient littéralement un véritable moteur de l’énergie collective qui envahit la salle.
Il convient évidemment de mentionner Thomas Lauderdale, maître de cérémonie, qui ne se contente pas d’introduire les titres et les interprètes avec humour mais d’accompagner au piano la totalité des titres de la soirée. Il joue avec une énergie débordante, se levant régulièrement de son siège pour danser en même temps, comme entraîné par la musique et porté par les applaudissements. Habité par chaque note, c’est un véritable spectacle à lui tout seul, à la fois musicien et showman.
Le concert se conclut, porté par une reprise électrisante de « Brazil » qui entraîne la salle entière dans une longue chaine dansante. Une fin éclatante, à l’image de la soirée : dynamique, festive, colorée et enivrante.
Jacques Gehringer Delcroix