Place des Arts
L’art, et à portée de tous, voilà ce que proposait la grande exposition en plein air, place Broglie à Strasbourg, les 2 et 3 juin. À l’ombre du grand Opéra National du Rhin, plus d’une centaine d’artistes sont venus présenter au grand public leurs créations.
Cette rencontre se réitère 4 fois dans l’année, pour la 9ème année consécutive en 2018, et n’en finit pas d’évoluer et d’éveiller toujours plus les consciences artistiques.
Le lieu est animé et empreint de contraste. L’atmosphère est celle d’une aire d’innovation, où les esprits et imaginaires se rencontrent et dialoguent aisément, malgré la diversité certaine des artistes et de leurs œuvres.
Sous une tente, Marie-Christine Faust présente sa collection de réalisations sur bois, à base de tubes de peinture. Peintre de base, il est évident pour elle que « le tube de peinture est à l’origine de toute création artistique ». Tout comme sans artiste, l’art n’est rien… Avec cette technique innovante, cette femme a représenté l’épopée migratoire, sujet de crise très actuel. Ainsi, les pots de peinture deviennent des hommes et des femmes sans bras, signe de leur impuissance face à ce qui leur arrive. A l’instar de MC Faust, les symboliques rythment les travaux de tous ces artistes.
Sur cette place Broglie, renommée pour l’occasion « Place des Arts », les tentes blanches se succèdent et la promiscuité va de pair, rendant la discussion facile et décomplexée, chacun échangeant sur ce qu’il expose. Les plus discrets ne se dévoilent qu’aux passants curieux, préférant rester dans l’intimité de leur atelier improvisé. Passionnés, amateurs ou simples passants curieux, de nombreux strasbourgeois ou touristes affluent pour se pencher au fil de leurs allers et venus sur les créations diverses que propose cette longue place Broglie.
L’espace urbain comme lieu d’exposition a un avantage. L’Art se rend accessible à tous. Autre avantage, il révèle les volontés personnelles de mise en scène des œuvres, choisies par chaque artiste. Encore une source de création et de singularité.
Ce lieu recense de nombreux locaux strasbourgeois et alsaciens, qui exposent avec une certaine fierté dans la ville qui est la leur. À l’instar de Brigitte Heitzfawer, qui me présente jovialement ses créations en terre cuite, notamment en grès rose, « spécialité alsacienne ». Elle modèle des figures d’alsaciennes entres autres, citations de peintres locaux du XIXème siècle. Le dialogue est aussi donc inter temporel sur cette place ! Cette artiste tient à « raconter sa propre histoire », pour redonner vie à ces figures absentes du paysage contemporain, mais toujours encrées dans la culture locale.
Mais ce rendez-vous est plus cosmopolite qu’il n’y parait, et on s’en réjouit. « I am from… the world ! » répond instinctivement un peintre niger qui semble presque surpris de ma question. Il témoigne ainsi de l’importance plus grande à sa présence ici, où une seule culture domine : celle de l’Art. Si bien que les régions se cofonderaient presque. Il n’est pas surprenant de croiser des toiles provinciales des mains d’une alsacienne.
Aucune règle ne dicte cet endroit, pourtant une harmonie s’en dégage. Ici, tous ont quelque chose d’eux à montrer, des parcours à partager, et il en est pour tous les goûts ! Pour orner une pièce à vivre, une chambre ou les murs de votre entrée, des sculptures métalliques à taille humaine jusqu’aux fines huiles sur toile, il y a de quoi trouver son bonheur.
Mon conseil ? Suivre les pas d’Honoré de Balzac, et flânez dans ce petit coin d’art ! Car selon lui, « flâner est une science, c’est la gastronomie de l’œil » … Alors, pour les gourmands d’Art, venez y gouter puisqu’il s’offre en toute simplicité à vous, pour 2 prochains week-end. La « Place des Arts » rouvre ses portes à Strasbourg les 22/23 septembre, et les 3/4 novembre.
En savoir plus sur http://www.placedesarts.net/association.htm
Alice Cubillé, étudiante à Sciences Po Lille en 1ère année