Dans cette exposition, l’artiste Andres Serrano nous présente plusieurs séries de photographies réalisées afin de montrer l’Amérique d’aujourd’hui.
Andres Serrano est un plasticien qui utilise l’appareil photo comme médium. Il dénonce les failles du système américain mais est également fasciné par cette société et apporte un nouveau regard sur son propre pays.
Pour comprendre son art, il faut saisir la fascination qu’il porte sur l’Amérique qui crée alors son jugement.
Au début et à la fin de l’exposition, nous retrouvons une photographie du drapeau américain, afin de débuter et clôturer la visite, emblème essentiel de la conscience américaine.
L’exposition débute avec la série « Native Americans » où l’artiste met en scène le peuple premier et traite les personnages comme des symboles et des individus à part entière. En photographiant des acteurs déguisés, Andres Serrano met en avant un décalage à l’image de la société.
Il livre une représentation esthétique qui propose un regard sans l’imposer. Ses œuvres jouent un rôle de messager sans chercher à militer. Il transpose le portrait sous une forme classique afin de mettre en valeur la puissance de l’homme.
Dans la seconde série « America » l’artiste photographie des personnes types des États-Unis qui, à l’unisson, forment l’Amérique où chacun s’intègre avec son identité et individualité. Il met alors en lumière la dynamique américaine.
Quand il prend en photo son sujet, il n’apporte aucun jugement, il prend ce que l’on lui propose et arrive à capter le détail dans sa présence.
Chez Andres Serrano, l’habit fait le moine. On retrouve souvent des personnages où leur habit couvre leur visage et incarne le sujet. Il brosse alors le portrait de l’individu dans la société.
L’artiste cherche à donner une dimension terrifiante à ses œuvres sans mettre en scène des images trop choquantes. Cette ambivalence crée une ambiance étrange et pesante. Ses œuvres sont effrayantes avec une puissance de fonctionnement alors qu’on ne voit pas d’images terribles et devant ses œuvres, nous devenons acteurs.
Le plasticien travaille à l’aide d’un studio mobile et utilise des toiles de fond. Ces œuvres traduisent une vision rapprochée du sujet afin de le saisir au plus près. Cette technique permet d’interpeler et de troubler le spectateur.
Cet artiste conceptuel est en relation avec son sujet et met en avant la perception de sa pensée. Il capte l’humanité des individus et ce qui les lie.
Andres Serrano joue également sur la présence de la religion dans la société et le blasphème. Avec son œuvre « Piss Christ » il choque et interpelle en ayant placé un petit crucifix dans un mélange d’urine et de sang.
Il s’amuse à mettre en scène la religion de manière détachée afin de troubler et de faire prendre de la distance sur la place des croyances dans la société.
Chacune de ses séries trouve et touche une actualité américaine en détournant les codifications classiques à travers une démarche difficilement intégrable. L’artiste joue alors sur cet aspect.
Une exposition troublante et impressionnante à la veille des élections américaines.
Eugénie Van Rijn
Du 26 avril au 20 octobre 2024
Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, 75007 Paris
Ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30 – mercredi de 10h30 à 22h30