Depuis le 2 avril 2025, le Muséum national d’Histoire naturelle nous invite à découvrir les déserts dans son exposition temporaire du même nom. L’exposition se finit avec les toiles hypnotisantes de Silvère Jarrosson, qui s’inscrivent parfaitement dans la continuité de cette promenade immersive. Il est difficile ne pas s’y arrêter pour regarder de plus près ces profusions de couleur maîtrisées.

Les déserts sont-ils vraiment déserts, vides, et uniformes ? Les tableaux de l’artiste nous indiquent le contraire. Cette série de toiles est le fruit d’une collaboration entre le Muséum et Silvère Jarrosson, lui-même diplômé d’un Master en biologie de l’établissement. Cette collaboration paraît alors évidente. Elle permet de prolonger l’exposition Déserts avec un regard empreint de poésie.



Le rapprochement entre l’art et la science porte en lui une dimension assez philosophique. Les peintures de Silvère Jarrosson permettent d’explorer le monde et d’appréhender sa complexité par le biais d’interprétations subjectives et d’émotions. Mais le processus de création fait intervenir la science. L’artiste a préalablement échangé avec des experts scientifiques, Guillaume Lecointre et Maël Crépy, sur le jeu des contraintes et du hasard, ainsi que sur les phénomènes liés à la morphogenèse (origine des formes).
L’artiste fait du hasard une donnée à part entière de son processus de création. Comme dans la nature, le hasard, soumis aux contraintes de la sélection, permet la formation des paysages ou l’évolution des espèces. L’artiste fait dialoguer le hasard et la maîtrise. Il utilise les coulures, le brossage, le ponçage, la corrosion chimique pour nous dévoiler les paysages désertiques comme jamais nous ne les avons vus.
Avec cette exposition, il veut s’écarter de ses premières œuvres, qui avaient un fort lien avec la danse, pour renouer avec son parcours scientifique, dans une volonté de s’inscrire dans une démarche « art-science ». Cette démarche a deux ambitions majeures : pour les artistes, traduire l’urgence environnementale et humaine, transformer les données en émotions, rendre lisibles les enjeux de société cachés dans les strates du réel ; pour les musées et autres acteurs culturels, il s’agit de renforcer la confiance du public envers le savoir scientifique et ouvrir celui-ci à de nouveaux horizons de perception.


Ses créations sont aussi inspirées de ses voyages. L’artiste nous invite à la contemplation. Cette expérience se montre comme un véritable acte de transmission de l’artiste aux visiteurs aventureux du musée.
Ses tableaux sont ancrés dans le mur, ils se dévoilent comme des perles dans leur écrin. Chacun est mis en valeur par un cadre noir qui joue comme contraste à la luminosité des tableaux. La notion d’harmonie vient à l’esprit pour qualifier son œuvre. Les coulures et les couleurs paraissent se mouvoir.
Ce prolongement onirique de l’exposition Déserts est à ne pas manquer autant pour les passionnés d’art que de science.
Mathilde Rémy
du 2 avril au 30 novembre 2025
Muséum national d’Histoire naturelle, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire, 75 005 Paris
Tous les jours, sauf les mardis, de 10h à 18h