« Tromper l’œil », les paysages d’Eva Jospin

Eva Jospin, artiste française, expose ses œuvres enchantées, récentes et inédites, pour Tromper l’œil à la Galleria Continua. Carton, dessin et broderie sont les médiums que la sculptrice exploite pour façonner son univers empreint de rêverie, de poésie et de mystère.

Faites de carton, les sculptures imaginaires et emblématiques de l’artiste, laissent percevoir une multitude de détails enchanteurs. Au premier abord, les masses évoquent tour à tour une architecture, une forêt ou bien une falaise rocheuse. Puis, plus l’œil s’approche, plus il s’accroche. S’accroche à la minutie des ornements. Les couleurs sont apposées par frottement de papiers colorés ou bien par marouflage de tissus. Les perles, fils et autres passementeries, finement brodés, révèlent subtilement le relief ou bien évoquent des éléments naturels tels que des lianes ou des coraux et autre flore sous-marine.

Depuis une quinzaine d’années, Eva Jospin empile, découpe, brosse, taille et assemble les cartons. La plasticienne joue avec les épaisseurs et les formes alvéolées des différentes feuilles de cette matière brute. Strate par strate, le volume prend forme selon le procédé architectural de coupe et élévation. Puis vient l’ajout des éléments de décor qui contribuent à toute la richesse et l’harmonie de l’œuvre. 

Le Promontoire est la première sculpture de l’artiste, présentée dans le parcours de l’exposition. C’est une œuvre magistrale composée d’une gloriette, d’une grotte et d’un labyrinthe reliés entre eux par un pont et un aqueduc. L’incroyable façonnage des détails de ce paysage fantastique donne parfaitement place à la rêverie et à l’imagination.

La forêt, thème de prédilection d’Eva Jospin, en carton, en bronze et pour la première fois en haut-relief brodé, évoque la forêt des histoires contées de l’enfance. Conçue comme une invitation à se laisser happer par l’œuvre, à s’y perdre pour peut-être, mieux s’y retrouver.

Les grottes qui parsèment l’exposition sont inspirées des fontaines érigées dans les jardins à l’époque de la Renaissance. Elles sont précieusement ornées de broderies et d’autres éléments qui contrastent avec l’aspect brut du carton, qui le subliment. 

Nouvellement sculptées, les roches s’étendent aussi, plus vraies que nature, sur les murs. Les couleurs frottées et le jeu des ombres des alvéoles du carton imitent très justement la pierre poreuse.

Eva Jospin présente également des tableaux brodés de fils colorés représentant des variations de forêts. Ainsi que des dessins à l’encre. Ce sont les ouvrages préparatoires des pans de broderie monumentaux qui seront visibles à partir du 18 juin à l’Orangerie de Versailles lors de l’exposition La Chambre de soie. Broderies à l’origine créées en 2021 pour le défilé de la maison Dior, de la collection haute couture. 

Parallèlement, Eva Jospin est présente au Musée Fortuny de Venise pour son exposition Selva à l’occasion de la 60ème édition de la Biennale d’art contemporain.

Mathilde Seng – Texte et photos

du 7 juin au 14 septembre 2024

Galleria Continua, 87 rue du Temple, 75003 Paris

Du mardi au samedi de 11h à 19h Entrée libre

https://www.galleriacontinua.com/exhibitions/tromper-loeil-454