Le 14 décembre 2025, l’île de Penang en Malaisie accueillera l’ouverture d’un musée de 8 000 mètres carrés entièrement dédié au dialogue entre art et humanisme. Ce vaste espace, pensé par le professeur Lin, incarne une ambition singulière : faire de l’art un outil de réflexion et de construction de la paix.
Un créateur engagé : Lin Xiang Xiong, un artiste au service de la paix
Né en 1945 dans la province du Guangdong, Lin Xiang Xiong a grandi entre la Chine et Singapour, où il rejoint son père dans les années 1950. Très tôt, il s’oriente vers les arts visuels et développe une sensibilité qui mêle traditions asiatiques et influences occidentales, notamment après un séjour d’études à Paris au début des années 1970.

Son œuvre, profondément marquée par l’histoire et les bouleversements sociaux de son temps, s’attache à représenter la fragilité humaine. Guerre, pauvreté, migrations et dégradations écologiques nourrissent sa peinture, qui se veut autant un langage esthétique qu’un appel à la conscience collective. Lin refuse de considérer l’art comme un simple exercice formel : pour lui, il s’agit avant tout d’un outil de dialogue, de mémoire et de transformation.





Au fil de sa carrière, il s’est engagé dans de nombreuses initiatives culturelles et éducatives, dirigeant des associations, occupant des postes universitaires et promouvant la rencontre entre les cultures. Ses projets se situent toujours à la frontière entre création artistique et engagement humaniste.
Au cours des dernières années, Lin s’est distingué par des expositions et des actions internationales qui placent l’art au cœur du combat pour la paix. Il a également créé un prix destiné à récompenser des artistes du monde entier sur ce thème, ouvrant son projet à toutes les générations et toutes les nationalités.
Professeur, peintre et architecte, Lin s’est imposé au fil de sa carrière comme une figure profondément marquée par les fractures du monde. Ses œuvres abordent sans détour la guerre, la pauvreté, les migrations, la destruction de la nature. Il place son art au service de l’humanité, refusant de le réduire à une simple démarche esthétique. Le futur musée s’inscrit dans cette logique : il ne s’agit pas seulement d’un lieu d’exposition, mais d’un espace conçu pour éveiller les consciences. Un lieu pensé comme un espace d’exposition, mais aussi comme un centre de réflexion et d’éducation, où l’art devient le vecteur d’un engagement collectif pour un monde plus juste et plus pacifique.
Lin Xiang Xiong Art for Peace Prize
Pour fêter cela, il a décidé, en collaboration avec Alin Avila de la galerie Area-Paris, de créer un Prix : Lin Xiang Xiong Art for Peace Prize . Il a invité les artistes du monde entier, sans limite d’âge ni de nationalité, à proposer une œuvre sur la Paix.

Après une journée de colloque « Art et Paix « , les prix ont été décernés le 12 septembre dernier à l’Hôtel de l’Industrie à Paris à Paris. Le jury présidé par l’écrivain Philippe Djian, a décerné 3 prix (le premier est d’un montant de 8000 euros). Les œuvres seront exposées dans le futur musée.
Premier prix : Barbara Caveng – Suisse – vit à Berlin depuis de nombreuses années. Née en 1963 Barbara Caveng est une artiste interdisciplinaire qui se consacre principalement à la pratique artistique tridimensionnelle, à la participation/intervention et à la performance, ainsi qu’à la poésie performative.
Œuvre présentée : Une réplique d’un AK47 en os humains réalisée après son séjour en Syrie. en 2011. Les guerres sont omniprésentes et l’un de leurs symboles les plus emblématiques est l’AK47. Les os humains deviennent un mémorial pour la paix. L’objet, qui est de la taille originale de l’arme, existe également sous forme de photographie.

Deuxième prix : Musafer Quassim, Germano-irakien – vit à Leipzig / Allemagne. Né en 1991 Musafer Quassim est un artiste contemporain basé à Leipzig. Il a terminé ses études supérieures/Meisterschüler auprès du professeur Michael Riedel à l’Académie des BeauxArts de Leipzig (HGB) en septembre 2024. Son travail explore les thèmes de la migration, de l’identité, de la mémoire et de l’appartenance sociale à travers des peintures à grande échelle, des installations et des approches multimédias.

Troisième prix : Maayan Sophia Weisstub, Canadienne – vit à Londres Née en 1992 Maayan Sophia Weisstub est une artiste multidisciplinaire basée au Royaume-Uni. Diplômée du Royal College of Art, ses œuvres ont été exposées dans des musées et galeries de renom à l’échelle internationale. Maayan a été sélectionnée parmi les finalistes du prix Robert Walters Group UK New Artist of the Year Award et du prix John Ruskin Art Prize. Son travail a attiré l’attention de publications de premier plan telles que WhiteHot Magazine, Kaltblut Magazine, Hyperallergic Magazine, White Paper By Magazine, et bien d’autres encore.

Le musée consacré à la Paix : Lin Xiang Xiong Gallery
Le bâtiment s’élèvera sur plusieurs niveaux et occupera une surface impressionnante de 8000 mètres carrés sur 7 étages jusqu’à une hauteur de 40 mètres. Les équipements techniques dernière génération permettront des scénographies les plus diverses et audacieuses.
Son architecture se distingue par une forme inspirée d’un symbole de longévité et de sagesse, pensé pour dialoguer avec le paysage et avec la mémoire culturelle de Penang. Les espaces intérieurs offriront des salles modulables, adaptées aux expositions permanentes et temporaires, ainsi qu’aux installations contemporaines qui feront appel aux technologies immersives. L’objectif est de proposer un parcours à la fois contemplatif et participatif.



Le musée abritera une part importante de l’œuvre de Lin, plusieurs centaines de toiles retraçant son engagement artistique. Mais il se veut aussi un lieu d’accueil pour les artistes du monde entier, invités à confronter leurs visions de la paix et de la condition humaine. Un prix international sera lancé en parallèle, offrant aux lauréats la possibilité de voir leurs créations présentées lors de l’inauguration et intégrées aux futures programmations.
Un lieu de dialogue et une portée symbolique
Au-delà des expositions, le musée s’annonce comme un centre de réflexion et d’échange. Des colloques, des rencontres interdisciplinaires et des ateliers éducatifs permettront d’aborder des thèmes universels : la dignité humaine, la justice sociale, la responsabilité écologique. L’ambition est de faire de Penang un carrefour où se croisent artistes, penseurs et citoyens venus du monde entier.
Dans un contexte marqué par les conflits et les crises, l’ouverture de ce musée résonne comme un acte de résistance culturelle. Il rappelle que l’art n’est pas un luxe, mais une force capable de dénoncer, d’émouvoir et de rapprocher. En offrant un espace où la mémoire des souffrances humaines rencontre l’espoir d’un avenir apaisé, le professeur Lin propose à Penang bien plus qu’un monument : un signal adressé au monde.
Véronique Spahis