L’ouvrage Art et résistance au Maghreb et au Moyen-Orient de 1945 à 2011 est un document inédit. Les différents chercheurs y rendent compte d’une longue histoire de résistance artistique au sein des pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Dès les premières luttes contre le colonialisme en 1945, les artistes ont fourni de nombreux témoignages, par la création, face aux oppressions politiques subies par la population.
Différents médiums d’expression artistique sont étudiés, du dessin à la photographie, en passant par la bande dessinée ou le street art. Les différents auteurs démontrent combien ces réalisations sont porteuses de représentations contestant l’emprise politique, de la colonisation jusqu’à 2011. Après cette date spécifique s’ouvre une nouvelle période, communément surnommée « Printemps arabes », durant laquelle les peuples remettent en cause l’autoritarisme des régimes installés.
Deux axes majeurs d’analyse sont traités par les auteurs. D’une part, l’influence des images dans la lecture des différents épisodes politiques majeurs depuis 1945, tels que la mémoire visuelle des massacres de Sétif en 1945, construites au fil des années, a posteriori de l’événement. D’autre part, certains auteurs choisissent de rendre compte du regard porté par les artistes sur des situations de violence extrême.
L’enjeu de ce travail universitaire est de souligner l’importance du traitement des rapports entre art et résistance, avant les soulèvements populaires ayant lieu depuis 2011. Après cette date, le réel changement observé est la couverture médiatique des événements politiques et du travail artistique qui en découle. Dans les faits, ici mis en exergue, cette lutte culturelle a toujours existée. Les diverses œuvres étudiées traduisent, à toutes les époques, cette urgence de rendre compte des événements politique et des traumatismes qu’ils génèrent.
Dans sa préface, Anissa Bouayed résume la pensée générale qui découle de ces recherches :
« Au Maghreb et au Moyen-Orient, le couple art et résistance reste ainsi dans l’imaginaire des artistes un lien fécond, ressenti comme une interaction nécessaire, une implication stimulante et un marqueur de leur présence au monde. »
Cet ouvrage est un numéro des Cahiers du Gremamo, groupe pluridisciplinaire à dominante histoire et géographie, dont les thématiques portent sur l’ensemble des pays arabes et certains pays du Moyen-Orient. Le GREMAMO, acronyme de Groupe de Recherches sur le Maghreb et le Moyen-Orient, est dirigé par Chantal Chanson-Jabeur, Docteure en histoire spécialisée sur le Maghreb, et Sid Ahmed Souiah, professeur en géographie à l’Université de Cergy-Pontoise. L’objectif de ce laboratoire de recherche était de produire un échange mutuel en confrontant différentes approches disciplinaires, sur des thématiques spécifiques. Cela, en organisant des journées d’études ou colloques internationaux.
Ce numéro a été réalisé sous la direction de Chantal Chanson-Jabeur et Anissa Bouayed, historienne. Il rend compte des Journées d’études internationales Art et résistance au Maghreb et au Moyen-Orient de 1945 à nos jours. Celles-ci ont été initiées par Jacques Couland, professeur et universitaire spécialiste du monde arabe, à qui cet ouvrage rend hommage.
Julie Goy
Art et résistance au Maghreb et au Moyen-Orient de 1945 à 2011
Anissa Bouayed, Chantal Chanson-Jabeur
Avec les contributions de Rachida Triki, Lydie Dalmais-Haine, Benjamin Stora, Solange Barberousse, Mustapha Majdi, Itzhak Goldberg, Raphaël Fonfroide de Lafon, Alice Planel-Frederiks, Omar Carlier, Nadira Laggoune-Aklouche, Hamdi Ounaina.
L’Harmattan, collection Cahiers du Gremamo
Disponible depuis décembre 2020 – 176 pages – 23€