Xippas met la sculpture en mouvement

Pour célébrer le centenaire de Takis (1925-2019) et le 35ème anniversaire de Xippas Paris, une belle rétrospective des soixante-dix ans de carrière de l’artiste grec est à découvrir à la galerie, sous le commissariat d’Alfred Pacquement.

La sculpture comme expérience : c’est en cela que réside une grande partie de la compréhension des oeuvres de Panayótis Vassilákis, dit Takis, qui s’est imposé comme l’un des pionniers de l’art cinétique en donnant une dimension poétique à la technologie, en faisant du magnétisme le fondement de son langage plastique. L’artiste autodidacte est né et a vécu à Athènes, où la sculpture ancienne est omniprésente. L’exposition s’ouvre sur les rares sculptures en fer forgé de 1954, qui témoignent des débuts de l’artiste, influencé à la fois par cette tradition archaïque grecque et par les figures de Giacometti.

L’exposition propose la redécouverte de sa célèbre série des Signaux, des sculptures constituées de longues tiges métalliques fines qui vibrent et se courbent au passage du vent, créées dès les années 1950 et marquant le début du long compagnonnage de Takis avec la sculpture électronique, après avoir été marqué par la fusion des lumières et des énergies produites par les antennes et les feux de circulation.

Xippas présente également une belle sélection de sa production parisienne. À Paris, il apprend à forger, souder et mouler le métal, ses sculptures se transforment. L’énergie devient son sujet central, le son en étant un élément essentiel. En 1959, il découvre le magnétisme, qu’il associe à la sculpture afin de briser les conventions, défiant alors la gravité, classiquement liée à la sculpture, avec ses éléments sculpturaux en lévitation. L’exposition propose la (re)découverte d’oeuvres iconiques, à l’instar de ses télé-sculptures, telles que sa Télésculpture (1959) et sa  Télésculpture vibrative V (1963-1971), mais aussi des télépeintures et des murs magnétiques, qui déclinent l’idée du tableau.

Takis évoquait de l’espace entre les objets, le lien invisible dans l’anti-espace entre les choses, connectées dans ses oeuvres par les aimants et les champs électromagnétiques. Les forces invisibles sont matérialisées par la sculpture, générant une expérience contemplative que l’artiste relie au cosmos, l’énergie et les sons étant parties prenantes de l’univers, comme le souligne le titre de l’exposition « Cosmo Takis ». Entendre la musique de l’énergie magnétique, voir la lumière, les mouvements, pour ressentir le mouvement magnétique généré : tel est le dessein et l’aboutissement des recherches plastiques de Takis, pour révéler « les vibrations sensorielles » de l’univers, expliquait-il dans une interview de 2019, réalisée à l’occasion de sa dernière grande exposition à la Tate Modern de Londres.

Julie Goy

Du 20 octobre 2025 au 10 janvier 2026

Xippas Paris

108 rue Vieille du Temple, 75003 Paris

Du mardi au samedi de 11h à 19h – Entrée libre