L’affaire pourrait être grave… si ce n’est que les politiques sont montés au créneau auprès de la région Normandie et des producteurs de camembert. Un accord historique a été conclu ouvrant la voie à un label unique Camembert de Normandie.
De quoi en faire tout un fromage…
C’est au Sénat, à l’invitation de Nathalie Goulet, sénateur de l’Orne, accompagnée de Catherine Morin-Desailly, sénatrice de Seine-Maritime, Hervé Maurey, sénateur de l’Eure, Sonia de la Provôté, sénatrice du Calvados, Patrick Mercier, président de l’organisme de défense de gestion du camembert de Normandie, Périco Legasse, critique gastronomique et Jean-Marie Cambefort, grand maître de la confrérie du vrai camembert de Normandie, qu’a eu lieu au printemps dernier une conférence de presse pour mieux en comprendre les enjeux.
Le délai est désormais fixé :
Les producteurs de « Camembert de Normandie » et les industriels producteurs de Camembert « fabriqué en Normandie » ont entamé un partenariat qui parachève un long travail de médiation ayant pour objectif d’ici 2021 la construction et la mise en œuvre d’un cahier des charges visant à conforter un signe de qualité unique : l’AOP Camembert de Normandie
Ce projet d’AOP met fin à des années de querelles. La coexistence entre l’AOP « camembert de Normandie au lait cru moulé à la louche » et le Camembert vendu sous la mention « fabriqué en Normandie » était source de confusion pour les consommateurs.
Cette nouvelle appellation « AOP camembert de Normandie » reposera sur de nouvelles conditions de « normandisation » des troupeaux, de pâturage et de fabrication du fromage, sans oublier l’absence totale d’OGM. Deux niveaux de produits sont prévus : un premier niveau pour le camembert AOP « cœur de gamme » au lait pasteurisé ou cru ou microfiltré thermisé tiré de vaches à 50 % minimum de race normande et un deuxième niveau pour le camembert AOP « haut de gamme » permettant la mention valorisante « véritable » ou « authentique » camembert de Normandie, exclusivement au lait cru, tiré de vaches à 66 % minimum de race normande (contre 50 % exigé auparavant) et la présence minimum d’herbe toute l’année dans leur ration.
L’accord propose aussi une extension de l’aire d’appellation à toute la Normandie (sauf zones de plaine) et la disparition de la mention « fabriqué en Normandie » sur les camemberts hors AOP.
Il est attendu que l’AOP Camembert de Normandie passe de 5 700 tonnes à 40 000 tonnes en 2021 (lait cru + pasteurisé + microfiltré + thermisé), celui des vaches normandes de 200 000 à 225 000 et le nombre d’élevages sous AOP de 500 actuellement à 2 500 élevages, soit 1/3 des élevages laitiers en Normandie.
L’AOP devrait peser, en 2021, 910 millions de litres, soit 25 % du lait produit en Normandie.
Photos : Véronique Grange-Spahis