Anita Molinero, « Simen se la coule douce »

Anita Molinero est une plasticienne, peintre et sculptrice française née en 1953 à Floirac (France).

Issue de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille, Anita Molinero compose, pendant ses années punk, ses premières sculptures en faisant se rencontrer des objets et des matériaux de récupération.

Parmi les matériaux récupérés et exploités, ici, le visage d’un toucan sculpté à l’aide d’un phare arrière de véhicule :

 

L’artiste travaille davantage la matière à la forme. La notion d’appropriation de la matière lui est chère. Elle accorde également une importance à la réutilisation des matières, des objets : son objectif est de donner une seconde vie à des éléments du quotidien auxquels nous ne prêtons presque plus attention.

Elle choisit souvent d’apporter aux formes la puissance de l’irréversibilité du geste et pour cela adopte le plastique et une série de matériaux toxiques qu’elle coupe, brûle, lacère, sculpte.

Containers de poubelles travaillés au chalumeau enchâssés dans une roue de tracteur ; formes menaçantes, œuvre violente, trouée :

Souvent sont exploitées d’anciennes poubelles : l’artiste s’est rendu compte du pouvoir symbolique de ces dernières en croisant une manifestation en 2017. Elle a été saisie d’une part du côté esthétique du plastique qui fond et crée ses formes. Mais elle s’est également aperçu que la poubelle était devenue un objet politique, véhiculant des revendications tant elle est fréquemment utilisée (parfois brûlée) lors de protestations.

En outre, la poubelle est un objet du quotidien de chacun, peu importe sa classe sociale ! Il s’agit, pour l’artiste, d’un symbole qui reflète l’interpénétration des enjeux sociaux, économiques et écologiques.

 « Floraison pour Nollopa » – anagramme qui renvoie à Apollon :

 

Œuvre originellement exposée dans les Bassins du Miroir, aux côtés d’une statue d’Apollon de marbre, style très pur et classique. Le contraste avec cette imposante création – à nouveau – à base de poubelles, est très fort. On est aux antipodes d’une représentation habituelle d’Apollon.

Ma curiosité n’a pas pu m’empêcher de me demander s’il y avait un message écologique étant donné la grande (ré)utilisation de matières plastiques et de poubelles faite par l’artiste. En créant et sculptant, elle recycle cette matière, qui est à présent notre matière première. Or, elle ne préfère pas s’improviser ambassadrice d’un quelconque mouvement écologique. Elle souhaite seulement créé avec ce qu’elle trouve facilement autour d’elle.

Chloé Foissey

Du 19 mai au 5 septembre 2021

Centre d’Art de la Bastille, Gare du Téléphérique, Quai Stéphane Jay, 38 000 Grenoble

Ouvert en juin, du mercredi au dimanche de 11h à 17 h, en juillet & août, tous les jours (sauf lundi) de 11 h à 18 h