Antoine Leperlier : Verre et hasard, la genèse des images
A moins d’1 heure de Paris en train, dans le magnifique Hôtel Gouïn, a lieu l’exposition Verre et hasard, la genèse des images. La rétrospective de l’artiste Antoine Leperlier avec une soixantaine de ses œuvres (dont 30 œuvres récentes) est accompagnée de la présentation des créations de Loretta YANG et Yi CHANG, eux aussi artistes permanents de la Galerie Capazza depuis 2004.
Une fois l’adaptation visuelle faite – impression de ne rien voir en rentrant car les salles sont plongées dans l’obscurité, les murs sont noirs – l’œil est attiré par les sculptures en verre, particulièrement bien mises en lumière, comme si celle-ci émanait d’elles. Les inspirations sont multiples et complémentaires : mythologie surtout mais aussi religions et ésotérisme. La mise en abyme est certaine avec une introspection qui nous emmène très loin… à l’intérieur de nous-même.
« Le verre n’est pas ici une simple matière, remplaçable par une autre, mais un matériau, c’est à dire une matière en tant qu’elle est transformée par un geste esthétique prenant en compte à la fois sa résistance et sa singularité. Il n’est pas non plus un support pour la mise en forme d’une idée qui lui serait extérieure, il est cette matière par laquelle des images adviennent dans le cours de sa mise en œuvre sous le régime autant du hasard que de la volonté. Le verre, matériau à la fois liquide et solide, avec ses qualités propres, piège l’éphémère de mouvements chaotiques, les rend tangibles en les figeant dans l’instant ; tous les états de la transparence et de l’opacité deviennent le lieu d’émergence d’images incertaines, qui cherchent à apparaître, comme suspendues à l’orée du sens
Nulle autre matière que le verre n’est plus à même de nous faire passer du réel à l’imaginaire; en franchissant cet obstacle transparent, nous passons de l’espace physique à l’espace mental dont il est en quelque sorte la projection matérielle. C’est cette approche partagée avec Chang Yi et ses pierres de rêves, avec Loretta Yang et ses bouddhas, incarnation d’images méditées, qui a motivé cette invitation à exposer quelques-unes de leurs œuvres. » Antoine Leperlier
Loretta Yang et Chang Yi :
Loretta Yang et Chang Yi, actrice et réalisateur, tous deux reconnus dans le monde taïwanais du cinéma des années 80, ont obtenu respectivement les prix de la meilleure actrice et du meilleur réalisateur au Asia-Pacific Film Festival. Alors qu’ils étaient au sommet de leurs carrières cinématographiques, ils fondèrent ensemble, en 1987, le premier studio d’art du verre – Liuligongfang –, afin de donner une deuxième naissance à la technique de la pâte-de-verre, technique disparue qui existait en Chine ancienne. Ils décidèrent de changer de voie pour s’orienter vers la création liée à l’art du verre, un domaine encore peu développé à Taiwan, à l’époque. Désormais, leur collaboration suit une autre route que celle du cinéma, mais ils avancent toujours vers un même but, une même volonté. A ce titre, Loretta Yang et Chang-Yi sont les pionniers de l’art du verre chinois contemporain.
Les œuvres de Loretta YANG sont fondées sur la philosophie de la culture chinoise, emplie d’Histoire chinoise, dévoilant l’émotion intérieure humaine et les relations entre les êtres. Plusieurs œuvres de Loretta se trouvent au Victoria & Albert Museum en Angleterre, au Bower Museum en Californie, au Musée des Arts Décoratifs de Paris, à la Cité interdite de Pékin, au New York Museum of Art & Design … et dans bien d’autres musées prestigieux.
Le New York Times a surnommé Yi CHANG » le Père du Mouvement du Verre asiatique« . Il considère le Liuli comme un messager sur l’amour et la mort, la réalité et l’illusion, la lumière et l’ombre. Le style de Chang Yi est sans complexes, libre, plein d’entrain ; il accorde son travail avec des possibilités illimitées et s’appuie sur le Bouddhisme, la littérature et le Zen comme ses guides créatifs
Le lieu d’exposition :
L’ Hôtel Gouïn est un lieu culturel dédié à l’art contemporain, ouvert à tous. Bâti au XVe , l’Hôtel Goüin doit sa notoriété à l’abondant décor sculpté de sa façade sur cour. Ce décor élaboré dans le goût de l’Antiquité romaine s’inspire notamment des sculptures de l’Autel de la Paix à Rome, consacré par l’empereur Auguste en l’an 9 avant JC
Exposition organisée par le conseil départemental d’Indre-et-Loire en partenariat avec la Galerie Capazza
Jusqu’au 31 août 2018
Hôtel Gouïn
25, rue du Commerce
37 000 Tours
du mercredi au dimanche de 14 h à 19 h – entrée libre
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis