« Au fil de la Plume ou l’art de vivre à la Française »

La Maison de Chateaubriand à Chatenay-Malabry présente l’exposition « Etoffes et littérature. Les textiles dans la littérature au XIXème siècle ». Réalisée en collaboration avec la célèbre Maison de tissus d’ameublement Pierre Frey, elle aborde les grands textes sous l’angle du bruissement des étoffes, renouvelant ainsi l’approche des écrivains et des romans réalistes.

Il n’a échappé à personne, comme le souligne Pierre Frey, le fait que ces derniers mois difficiles nous ont recentrés sur la valorisation de nos intérieurs. « Les centres d’intérêts ont basculé » et refait émerger cet « art de vivre à la Française ». En visionnaire convaincu de la nécessité de transmettre cet héritage textile, « pour regarder devant, il faut avoir de bonnes racines », il noue inlassablement des partenariats au service de la « beauté ». Il déplore que « la maison n’ait jamais été reconnue par la beauté », précisant que « le tissu d’ameublement c’est pourtant ce qui fait la pièce, ce qui fait l’harmonie ».

Grâce à une convergence de chatoyantes énergies humaines, cette harmonie trouve sa trame narrative dans cette exposition sensorielle où de précieux tissus apportent de « la chair aux livres ».

Il est important de se rappeler qu’au XIXème siècle, les fibres se déploient dans les riches demeures du sol au plafond. Rideaux, tentures, harmonieux drapés encadrent les portes et les fenêtres. Toiles de fond au service des drames et des bonheurs contés par nos auteurs, la mousseline, le sergé, le taffetas deviennent enfin sujets en étant projetés au premier plan chez Chateaubriand.

La perse, empire moyen-oriental mais surtout « toile de coton aux motifs imprimés au moyen de rouleaux de cuivre gravés, chaque rouleau imprimant une couleur, leur nombre déterminant le prix de la perse, sachant qu’après l’impression, la toile est glacée, ce qui lui confère un aspect brillant avec un prix entre 2 et 5 francs », donne le ton d’un voyage tactile où chaque visiteur peut s’approprier le temps d’un instant la magnificence des étoffes. Une phrase extraite de Bel-Ami de Maupassant y suspend sa grâce : « Le salon où le jeune homme entra était tendu de perse rose à dessins bleus ». 

Trois thématiques enrichies d’une centaine d’œuvres originales, dont le manuscrit de « Au bonheur des dames » d’Emile Zola exposé pour la première fois, structurent la présentation de l’exposition :

Les textiles chez les écrivains où l’on découvre les commandes par ces derniers pour leurs propres intérieurs. On y aborde l’intime par le motif et la matière. On y retrouve Honoré de Balzac qualifié de « panier percé » tant son addiction au beau, à l’étoffe le ruinèrent. Pour l’anecdote, sachez que lorsque l’argent lui manquait, il écrivait au crayon de charbon sur les murs ce qu’il y aurait eu dessus. L’imaginaire tissant le rêve, prenait alors la relève. On y découvre également George Sand en couturière chevronnée, décoratrice hors pair qui « plante des clous toute la journée », cousant « des rideaux et des courtepointes ». Victor Hugo devient « le paysagiste », Edmond de Goncourt « l’amateur éclairé », Emile Zola « Le bibelotier », Guy de Maupassant « l’éclectique »… allez y découvrir pourquoi !

Les textiles dans la littérature qui témoignent d’un langage particulier et de fonctions multiples dans les romans comme caractériser une époque, décrire un contexte social, camper des personnages, dépeindre des décors ou encore évoquer des sens et sensations.

Les romans de Chateaubriand dont on découvre la richesse du répertoire iconographique.

La scénographie interactive, l’ensemble des œuvres, archives et objets présentés dont certains de la Bibliothèque Nationale de France et du musée des Arts décoratifs ainsi qu’un impressionnant pastel du Musée d’Orsay, peu connus et rarement montrés au public, favorisent la découverte d’une autre facette de l’histoire de la littérature.

Une fois arrivé sur place, vous ne voudrez plus en partir car cet ermitage harmonieusement érigé au sein de la Vallée-aux-loups est « un lieu retiré d’où l’on puisse voir s’envoler les années ».

Exposition en collaboration avec le Musée de Toile de Jouy

Texte et photos : Valmigot

Du 22 janvier au 24 juillet 2022

Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups, Parc et Maison de Chateaubriand

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 12h & de 13h à 18h30 – Ouvert les jours fériés

Salon de thé « Les Thés Brillants » dans l’ancienne Orangerie du Parc : Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 18h30 de mars à octobre, de 11h à 16h30 de novembre à février

87, rue de Chateaubriand, 92290 Châtenay-Malabry

https://vallee-aux-loups.hauts-de-seine.fr/