Pouvons nous communiquer et nous comprendre entre espèces différentes ? Animaux, végétaux, insectes, humains, quelles sont nos relations ? Dans sa nouvelle exposition Être(s) ensemble, inaugurée le 5 mai 2023, le musée d’ethnographie de Genève revient de façon quelque peu nostalgique sur les liaisons que nous, en tant qu’êtres humains, avons entretenus et continuons de préserver avec la nature. Si vous passez par Genève avant le 7 janvier 2024, n’hésitez pas à y faire un tour !
Conscient que nous partageons cette planète avec d’autres formes de vie et que « la notion du vivant prime souvent sur celle de l’inanimé dans la société », selon Federica Tamarozzi, commissaire de l’exposition, le musée d’Ethnographie de Genève, a eu l’idée de présenter une exposition mettant en lumière nos interactions passées et présentes avec les différents êtres vivants qui peuplent notre monde. L’exposition propose alors un ensemble remarquable de pièces qui témoignent de ces relations singulières et variées tout au long de notre existence. Plongez dans l’univers captivant de cette rétrospective qui rassemble un ensemble varié d’histoires, d’objets, de musiques, de photographies et d’enregistrements sonores : de l’envoûtante lyre d’Orphée aux photographies saisissantes du renommé photographe naturaliste Stefano Unterthiner, en passant par l’activité à la fois mortelle et vitale des pêcheurs italiens du film « Contadini del mare« . C’est une expérience immersive et complète qui vous attend, où chaque élément vient illustrer avec brio la thématique abordée.
L’exposition Être(s) ensemble s’inscrit alors dans une démarche profondément ancrée dans une vision de préservation et de respect envers les richesses de notre planète, ainsi que dans la reconnaissance de l’importance cruciale de maintenir une relation éthique et bienveillante envers nos semblables vivants. Carine Ayélé Durand, directrice du MEG depuis le 1er juillet 2022, place ce respect au cœur de ses préoccupations. Ainsi, en février 2023, le musée d’ethnographie de Genève, impulsé par la volonté de sa nouvelle directrice, restituait des objets sacrés, pillés par les colons, à la communauté amérindienne d’Haudenosaunee.
Ces êtres qu’ils soit humains ou vivants, nos voisins sur cette terre, sont les acteurs d’une interconnexion subtile et vitale, où chaque existence joue un rôle précieux au sein de l’écosystème global. Dans ce contexte, cette exposition offre un regard privilégié sur la complexité et la beauté de ces relations, invitant les visiteurs à réfléchir à leur propre place au sein de cette toile de vie interdépendante. « Les histoires que l’on raconte nous laissent entrevoir un espoir », rajoute Federica Tamarozzi, faisant écho aux bouleversements climatiques et environnementaux qui animent les débats.
Alors, il vous sera possible de découvrir la relation touchante qu’entretenait Marie-José Jacquod avec Souris, sa vache, « l’une des meilleures combattantes de la race d’Hérens » ou la collection de punaises arlequin de Cornelia Hesse-Honegger, insectes qu’elle collectionne et dessine depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Avec des exemples aussi variés que l’apiculture, la récolte des truffes ou le jardin luxuriant d’Éden, l’importance de nos compagnons animaux, plantes et insectes est indéniable. Mais ce n’est pas tout, l’exposition nous convie à une véritable prise de conscience : les animaux sont dotés d’émotions complexes, d’une capacité à ressentir la tristesse et à établir des liens de communication. Ils ne sont pas simplement des créatures présentes dans notre paysage, mais des êtres qui partagent notre existence et méritent notre respect. Cette exposition nous rappelle avec force l’importance de reconnaître leur empathie et d’entretenir une relation équilibrée avec eux.
Cependant, dans sa quête d’étudier les groupes humains, leurs caractères anthropologiques et sociaux, l’ethnographie ne prétend pas détenir une vérité absolue. Elle formule des hypothèses à partir des indices qu’elle recueille : nous ne pourrons jamais réellement saisir les sentiments des animaux ou des plantes. Néanmoins, le simple fait de s’y intéresser témoigne de notre désir de se projeter vers l’autre, nourrit notre empathie et suscite des interrogations profondes. Cette démarche souligne notre volonté de mieux comprendre le monde qui nous entoure et de cultiver une sensibilité accrue envers les autres formes de vie.
L’exposition prend fin avec Econtinuum, une impressionnante œuvre d’art vivante réalisée par l’éco-artiste Thijs Biersteker en collaboration avec le biologiste Stefano Mancuso. Cette sculpture met en valeur la communication essentielle entre les arbres, ici deux pins, révélant un ballet de lumières émanant de leurs racines : incarnant ainsi la puissante idée que notre force réside dans notre unité et notre interconnexion.
Maya Choserot
Équipe de conception de l’exposition :
Directrice du MEG : Carine Ayélé Durand ; Commissaire : Federica Tamarozzi ; Direction des projets : Alessia Fondrini, Philippe Mathez ; Recherches préliminaires : Aude Polito, Federica Tamarozzi, Boris Wastiau ; Conception et recherches : Anne-Lyse Chatein-Jauze, Alessia Fondrini, Thomas Lutz, Philippe Mathez, Federica Tamarozzi, Martin Vercampt ; 191 objets des collections du MEG, 132 prêts, dont 22 œuvres d’art
du 5 mai 2023 au 7 janvier 2024
Musée d’ethnographie de Genève, Boulevard Carl-Vogt 65, 1205 Genève, Suisse
Du mardi au dimanche de 11h à 18h