Tout le monde ou presque connait « Le berceau », un des tableaux les plus célèbres de Berthe Morisot, et la cantonne souvent comme peintre de l’enfance….
Berthe Morisot, première femme impressionniste, rejoignant Monet, Degas, Renoir dans ce courant artistique dès 1874, est bien plus que cela ! L’exposition retrace le parcours exceptionnel de cette peintre à travers près de 70 tableaux, entre portraits et scènes de la vie quotidienne.
On y (re)découvre une femme qui vit à l’inverse des usages de son temps et qui choisit la vie de l’avant-garde Parisienne dans les années 1860 et devient le témoin de la vie bourgeoise, des loisirs naissants, de la mode parisienne et des activités de la vie moderne, qu’elle soit publique ou privée.
Son parcours est atypique, car à cette époque, l’École des beaux-arts était interdite aux femmes. La jeune artiste a commencé par être paysagiste. Avec sa sœur, elle expose au Salon de peinture et de sculpture dès 1864. Pour elle, la peinture doit s’efforcer de « fixer quelque chose de ce qui passe », c’est ainsi qu’elle se tournera vers la figure et l’impressionnisme dans les années 1870.
Peindre d’après modèle (entre autres son mari et sa sœur) permet à l’artiste d’explorer plusieurs thématiques de la vie moderne, telles que l’intimité de la vie bourgeoise, le goût de la villégiature et des jardins, l’importance de la mode, le travail domestique féminin, tout en brouillant les frontières entre intérieur/extérieur, privé/public, fini/non fini. Pour elle, la peinture doit s’efforcer de « fixer quelque chose de ce qui passe ».
Comment expliquer alors qu’elle soit moins connue que ses collègues masculins ?
Tout simplement parce qu’elle est une femme ! En cette fin de 19 ème siècle, se faire reconnaître comme artiste à part entière quand on est femme, semble quasi-impossible, surtout dans l’art pictural. « Elle a été assez rapidement lue à travers le prisme d’être une femme, réduite à une peinture de femme, avec des sujets domestiques, des sujets féminins, donc ça empêchait probablement le public et les historiens de prendre la mesure de son art », explique Sylvie Patry, conservatrice en chef des collections du Musée d’Orsay.
Cette magnifique exposition permet de découvrir des œuvres jamais exposées en France et mieux comprendre l’importance de l’artiste dans l’histoire de l’art.
Commissariat : Sylvie Patry, conservatrice générale, directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay et Nicole R. Myers, conservatrice Lillian et James H. Clark de la peinture et de la sculpture européennes au Dallas Museum of Art
du 18 juin au 22 septembre 2019
Musée d’Orsay
1 rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris
Ouvert de 9 h 30 à 18 h (21h45 le jeudi)
Fermé le lundi
Photos in situ : Véronique Grange-Spahis