Au premier abord, l’exposition peut paraître déroutante. En effet, alors qu’au Drawing Lab sont présentées depuis sept ans des expositions de dessins, là ce sont des installations….
Tout s’explique avec en début d’année, l’appel à projets du Drawing Lab intitulé « Nouveaux médias•iums » qui a souhaité « contribuer à la production d’une exposition qui interroge le dessin à travers les nouveaux médias (digital, virtuel, NFT, jeux vidéo, film d’animation, IA, etc.) tout en parcourant les nouveaux médiums (ordinateur, tablette numérique, casques de réalité virtuelle, écrans, etc.). Le dessin peut alors s’affranchir de sa matérialité et de l’espace en créant ainsi de nouvelles dimensions » (Christine Phal, Fondatrice du Drawing Lab).
Le comité artistique du Drawing Lab a choisi le projet de l’artiste Boris Labbé et de la commissaire Judith Guez résolument ouvert vers les nouveaux médias jouant avec le dessin sur papier, l’animation ainsi que l’expérience immersive en réalité virtuelle.
Boris Labbé cherche plusieurs manières d’exprimer la matière du dessin : de la faire « déborder, craquer, crépiter, proliférer, vivre ». Le dessin a toujours été central dans sa vie et s’est nourri de plusieurs rencontres et projets : du dessin classique à l’animation 3D, de la réalité virtuelle à la performance et installation vidéo.
Dans cette exposition, le dessin devient volume et architecture avec l’œuvre centrale Ito Meikyū (mot inventé du collage de deux mots : ito qui signifie « fil » et meikyū qui signifie « labyrinthe »)
Muni d’un casque de réalité virtuelle, le visiteur plonge dans une grande fresque animée. Elle présente une collection hétérogène de scènes dessinées, animées et sonores, qui sont prises dans la matière numérique.
Une immersion dans l’œuvre inspirée par des œuvres clés de l’art classique et la littérature japonaise (tel que Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu et Les Notes de Chevets de Sei Shonagon), mais également par divers contacts et événements de la vie de l’artiste et de ses voyages au Japon.
Le dessin est bien présent et cette présentation emporte le visiteur du dessin à la réalité virtuelle. Il suit un Fil, telle une entrée labyrinthique dans l’esprit de l’artiste. Les mots deviennent listes, les dessins deviennent collections, leurs mises en espace deviennent construction et déconstruction, et leurs multiplications deviennent mouvement et répétition.
Le visiteur devient spectateur voyeur entièrement immergé dans le dessin qui se dévoile à lui… Une expérience passionnante !
Véronique Spahis
Du 11 octobre 2024 au 5 janvier 2025
Drawing Lab, 17 rue de Richelieu, 75001 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 19h – entrée gratuite