Depuis l’exposition en 2003 au Musée du Luxembourg, aucun musée parisien n’avait consacré une telle exposition au maître florentin Sandro Botticelli. Le voilà de retour au Musée Jacquemart-André, « Botticelli, artiste et designer ».
Une quarantaine d’oeuvres de ce grand peintre et de son atelier, avec également des peintures de peintres contemporains florentins influencés par Botticelli sont exposées dans cette magnifique exposition. Elle est organisée dans un parcours chronologique et thématique, par le commissariat d’Ana Debenedetti et Pierre Curie.
La première partie est consacrée à la jeunesse artistique du peintre, sous l’influence de son maître Filippo Lippi, grand artiste du Quattrocento. Grâce à ce dernier, il acquiert la technique de la peinture de chevalet, mais également de la fresque. L’iconographie de la Vierge à l’Enfant lui permet alors d’améliorer sa technique, de s’émanciper petit à petit de Filippo Lippi, pour obtenir son propre style, identifiable et caractéristique. Un grand raffinement se dégage, notamment lorsque l’on regarde la position des doigts, du corps.
Botticelli s’éloigne peu à peu de son maître, de son style naturaliste, pour aboutir à quelque chose de plus idéaliste et philosophique. Il s’exerce longuement notamment grâce à la copie, un but aussi commercial… Les artistes à Florence au XVème siècle échangeaient, partageaient énormément leur savoir, leur connaissance.
Grâce à sa notoriété, Botticelli obtient de nombreuses commandes, notamment de grands tableaux qui décoraient de riches demeures. Sa renommée lui permet alors de créer son propre atelier. Une oeuvre qui sort de l’atelier de Botticelli est une collaboration, mais on l’identifie sous le nom de Botticelli car elle a été réalisée selon le dessin de l’artiste.
Botticelli se démarque en élargissant ses domaines. Il développe l’art de la tapisserie, la broderie, la marqueterie, en reprenant ses motifs, identifiables à chaque tableau. Il devient alors un réel entrepreneur, dans une Florence de plus en plus compétitive.
Son style, ses thèmes attirent l’oeil d’un important mécène, la famille Médicis, qui lui commandera de nombreux portraits, comme celui de Julien de Médicis.
Sandro Botticelli est également l’inventeur des grandes scènes mythologiques, un genre qui aura un certain succès au siècle suivant. Il récupère des anciens motifs, notamment la statuaire antique, avec ces chairs claires et ces postures, comme dans son oeuvre Venus Pudica. Un nu païen à cette époque ? Quelle audace mais peu étonnant au vu de la montée des humanistes florentins.
Mais Botticelli ne s’arrête pas à la peinture mythologique. Il produit également des commandes religieuses, dont un grand retable exposé au dessus de l’autel, une publicité importante pour l’artiste. Son atelier réalise également des tondi (forme circulaire) autour de l’iconographie chrétienne, un choix stratégique et innovant, mettant en difficulté l’artiste et son travail sur la perspective.
Les dernières productions sont marquées par l’absence progressive du grand maître. Affaibli, malade, il ne peut plus contribuer et aider son atelier. Cependant, ce dernier essaye tout de même de garder le style de Botticelli.
Ce magnifique musée, consacré à l’impressionnante collection de la famille Jacquemart-André, nous fait découvrir ce magnifique peintre florentin, avec des tableaux qu’on aura peu l’occasion de voir ! C’est l’exposition de ce semestre à ne surtout pas rater.
Inès Degommier
Du 10 septembre 2021 au 24 janvier 2022
Exposition ouverte 7 jours sur 7, de 10h à 18h, nocturne les lundis jusqu’à 20h30
Musée Jacquemart André,
158, Boulevard Haussmann – 75008, Paris