Claude Iverné, Bilad es Sudan
Le 10 mai dernier s’est ouverte à la Fondation Henri Cartier-Bresson l’exposition Bilad es Sudan de Claude Iverné, lauréat du Prix HCB 2015. En 1999, Iverné part suivre Darb al Arba’ïn, La piste des Quarante qui reliait autrefois l’Égypte et le sultanat du Darfour. Il y découvre un pays baigné d’influences contraires et naît alors le projet de documenter ce territoire, le Soudan. D’autres séjours suivront. L’errance lui est apparue comme une évidence, la vie plutôt que le voyage, jusqu’à l’apprentissage de la langue, l’arabe.
« Rien ici n’est vérité, c’est dans les failles, entre les lignes, que germe l’imaginaire. » Claude Iverné
Claude Iverné a souhaité poursuivre son projet au Soudan du Sud, le 193e état de la planète. Il a tenté d’en esquisser les traits historiques, d’en tracer les contours contemporains.
Ce second volet doit être lu en miroir de celui réalisé au Nord Soudan. Alors que le Nord est dépeint en noir et blanc, pour le Sud, Claude Iverné privilégie la couleur en écho au brouhaha ambiant. Il enregistre la mutation précipitée d’un territoire encore épris de nomadisme vers une économie de marché, et clôt ainsi son épopée soudanaise. La situation actuelle au Soudan du Sud a demandé des adaptations, un changement de cap, le voyageur photographe a pris les chemins de traverse. Après ses photographies en Afrique, il a déplacé sa boussole de Trégastel à la vallée de la Roya en passant par le bois de Vincennes, à la rencontre des réfugiés soudanais qui, malgré eux, construisent une autre cartographie de ce projet.
Le chemin, la perte des repères, l’expérience du territoire semblent bien plus importants à Claude Iverné, que l’affirmation claire d’un propos. Loin de lui l’idée d’imposer une vision du Soudan. Difficile à tenir lorsque l’on a arpenté le pays depuis près de vingt ans avec l’intention d’écrire, puis de documenter, et surtout « d’apprivoiser son libre arbitre et cultiver un certain goût du banal et de l’ordinaire ».
Son travail en noir et blanc oscille entre une approche anthropologique – les légendes sont extrêmement détaillées, mais toujours éloignées des images – et un labyrinthe silencieux où chacun est prié de trouver sa voie.
L’exposition rassemble plus de cent tirages, vidéos, documents et objets dont :
Un ouvrage publié aux éditions Xavier Barral accompagne l’exposition. Il apporte une autre lecture, un essai transformé, une pierre friable dans l’édifice fragile de l’histoire : « une pensée intime ne vaut-elle pas l’histoire dès lors qu’elle se partage publiquement ?»
240 pages, 200 images couleur et noir et blanc, relié, 24,4 x 28 cm, 45 euros
Jusqu’au 30 juillet
Fondation Henri Cartier-Bresson
2, impasse Lebouis – 75014 Paris