Dessiner en plein air
Variations du dessin sur nature dans la première moitié du XIXème siècle
La plombagine et la sanguine, l’encre de chine et l’aquarelle, le crayon, la plume et le pinceau fouillent, scrutent, explorent et débusquent là où elle est, là où elle s’enracine, là où elle se dissimule au regard de ceux qui ne regardent pas … la poésie.
La poésie … presque rien.
Un rai de soleil sur un mur, un arbre qui frissonne en plein ciel, des nuages venus de l’horizon, des silhouettes d’hommes et de femmes à peine esquissées, un peintre travaillant sur le vif, une ferme, un village, un vallon.
Rien de très spectaculaire. Rien que l’essentiel.
L’essentiel capturé en quelques coups de crayon ou quelques taches de lavis et qui permettront à ces artistes du XIXème siècle de réaliser en atelier une œuvre peinte (ou des études intermédiaires) qui souvent perdront en spontanéité ce qu’elles auront gagné en précision.
L’exposition du Louvre a choisi le XIXème siècle et des artistes qui apprenaient et prenaient du plaisir au contact de la nature. Certains très connus, d’autres moins. Delacroix, Granet, Boudin, Huet, Daubigny Boucher, Millet, Garnier, Chassériau, Corot et aussi Vleughels, Isabey, Michallon, de Valenciennes, Bléry, Bagetti, Dauzat, et bien d’autres qui tous savaient comme les pionniers qu’avaient été Claude Gelée et Nicolas Poussin que la nature était une source inextinguible, jamais tarie et qui ne leur ferait jamais défaut.
Pour les visiteurs de l’exposition Dessiner en plein air c’est aussi l’occasion d’admirer l’habileté de ces capteurs d’émotion, la vélocité de leur trait, la rapidité de leur touche qui, pour certains d’entre eux, est déjà celle de la modernité du XXème siècle qui vient.
Avec certains carnets de croquis de Chassériau, avec la série du Voyage en Bateau de Daubigny on est déjà au XXème siècle.
Baudelaire à propos de Corot parle de « ce trait synthétique et abréviateur » qui se défaisait pour ne retenir que l’essentiel.
Le visiteur, en plus du bonheur d’échapper au flot ininterrompu des touristes qui ne vont voir que La Joconde et la victoire de Samothrace auront le plaisir de partager – au calme – le regard que posaient, sur une nature encore proche des grandes villes, les artistes du XIXème siècle.
Musée du Louvre
Rotonde Sully
Jusqu’au 29 janvier 2018
Pierre Vauconsant