Effets spéciaux, crevez l’écran !

Effets spéciaux, crevez l’écran !

Un dragon terrifiant, une ville extraterrestre tentaculaire, une armada d’insectes qui s’échappe de l’écran…les effets spéciaux nous en font voir de toutes les couleurs dans les salles obscures !
Omniprésents dans le paysage cinématographique actuel, on oublie très souvent que l’histoire des effets spéciaux coïncide avec les débuts du cinéma. En effet, le Voyage dans la Lune de Méliès en 1902 ne serait rien sans ces habiles « trucages » et autres « artifices » qui enchantent ce chef d’œuvre.
Depuis lors les réalisateurs l’ont bien compris, le film scelle une promesse tacite avec le spectateur : repousser les limites de l’imaginaire grâce aux effets spéciaux et lui faire croire, le temps d’une séance, à l’impossible…

L’exposition Effets spéciaux, crevez l’écran ! à la Cité des sciences en partenariat avec le CNC, nous propose une immersion interactive dans les coulisses de l’industrie des rêves.

Faire un film : de l’idée à l’œuvre

Un film ne se réduit pas à une œuvre projetée, il est le résultat de nombreuses phases de travail qui viennent en amont donner corps à l’idée originelle. Un schéma graphique nous accueille à l’entrée et retrace les étapes incontournables de la conception et de la réalisation d’un long-métrage : préproduction (scénographiée par un bureau), production, tournage, postproduction et distribution. Une œuvre nécessite ainsi plusieurs milliers d’heures de travail qui mobilisent pas moins d’une centaine de professionnels.
C’est durant la période cruciale de la préproduction que s’établit, entre autres, l’identité visuelle d’un film avec la réalisation de maquettes, story-boards, concepts artistiques, repérages des lieux de tournage…Autant d’éléments au service de l’esthétisme cinématographique et donc des effets spéciaux.

Techniques et professions sur un plateau : l’étape du tournage

Une fois le projet consolidé durant la préproduction, il ne reste plus qu’à tourner. Si le développement du numérique a aujourd’hui relégué en partie les effets spéciaux à la phase de postproduction, il subsiste encore sur le plateau de nombreux éléments et techniques de trucage.
Le visiteur est invité à expérimenter par lui-même ces techniques par le biais d’activités ludiques. Dans l’environnement reconstitué d’un studio de cinéma, il est ainsi possible de traverser un pont « suspendu » au dessus d’une nature hostile matérialisée grâce au fond vert. La séquence est ensuite enregistrée et peut être récupérée en souvenir.
Autre incontournable, « la plongée verticale » inventée par Segundo de Chomon (1871-1929). Filmé du dessus, un personnage allongé sur le sol donne l’illusion d’être debout. Le visiteur se couche comme le personnage sur un tapis et réalise différentes poses. Le défilement des images mises bout à bout font croire à de spectaculaires acrobaties !
Il est également possible de truquer « comme Méliès ». Père des effets spéciaux, ses films offrent un aperçu de son inventivité pleine de ressources. Dans une expérience interactive, le spectateur se filme un petit temps avant d’interrompre l’enregistrement. Durant ce laps de temps, l’acteur modifie légèrement la scène, en changeant par exemple l’objet qu’il avait dans la main tout en gardant la même position. En redémarrant la caméra puis en faisant défiler les deux séquences sans s’arrêter, on aura l’illusion d’un tour de magie.

Autour de ces effets illusionnistes gravitent également de nombreuses professions présentes sur le tournage. Le maquilleur d’effets spéciaux dévoile ainsi son atelier chargé en cosmétiques, prothèses faciales, faux sang…Son talent donne vie selon les besoins à un loup-garou, clown ou sorcière à travers l’esthétique du maquillage. La tâche est complexe et doit être fine, car le personnage est censé faire illusion, même de près. Aussi, certaines séances exigent quatre à six heures de préparation. L’exposition condense les différents outils et matières utilisés. Des créations d’un réalisme saisissant sont exposées et les plus courageux iront se confronter à la galerie des horreurs.

Les nouvelles professions liées aux effets spéciaux modernes ne sont pas en reste dans cette section. Nous découvrons ainsi l’intérêt flagrant des réalisateurs pour les acteurs issus de la motion capture. Le corps et le visage parsemé de capteurs, ces artistes d’en nouveau genre se livrent à un travail remarquable de cascades et d’interprétation. Le plus célèbre d’entre eux s’appelle Andy Serkis et il a incarné des personnages emblématiques tels que Gollum dans le Seigneur des anneaux ou encore César dans la récente trilogie La Planète des Singes, origines. L’ascension fulgurante de la motion capture et de ses acteurs dans le milieu du cinéma font réfléchir les festivals quant à la création d’une nouvelle distinction.

Studio et finalisation

Le tournage achevé, le film est ensuite envoyé aux studios de postproduction. Des centaines de graphistes et autres techniciens spécialistes vont faire surgir du néant un château merveilleux, matérialiser une explosion, une foule plus dense…ou inversement ! Car parfois, il se révèle nécessaire de supprimer l’image de l’équipe de tournage dans un reflet, d’effacer une antenne télé dans un film d’époque ou gommer quelques imperfections sur un visage. Les bruitages et musiques originales, signature sonore du film, sont eux aussi conçus post production. Retranscrire l’exacte atmosphère musicale, l’exact bruit associé à un élément oblige parfois les ingénieurs du son à rivaliser d’inventivité : coussins martelés pour imiter le bruit d’une course-poursuite, maniement d’une trottinette rouillée pour le grincement d’une porte…

Les techniques des effets spéciaux ne cessent de repousser les limites de la création. Elles offrent aujourd’hui une multitude de possibilités à l’écran, entraînant le spectateur toujours plus loin dans le monde de l’illusion. Pour son plus grand plaisir.

Jusqu’au 19 août 2018

Cité des sciences
30 avenue Corentin-Cariou 75019 Paris
Ouvert tous les jours sauf le lundi : de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 19h.

Lauréana Lebrun, étudiante en peinture et arts graphiques à l’IESA et passionnée de cinéma.