Foujita, Les années folles 1913-1931
Cinquante ans après sa mort en 1968, le musée Maillol met à l’honneur l’oeuvre lumineuse et rare du plus oriental des peintres de Montparnasse : l’artiste japonais, naturalisé français, Léonard Tsuguharu Foujita. Plus d’une centaine d’oeuvres majeures, issues de collections publiques et privées, retracent le caractère exceptionnel des années folles de Foujita à Montparnasse, entouré de ses amis Picasso, Modigliani, Brancusi, Derain, Zadkine, Indenbaum, Soutine et Kisling. L’exposition se concentre principalement sur la période parisienne de l’artiste, très productif entre 1913 et 1931.
L’artiste :
Artiste franco-japonais inclassable, Tsuguharu Foujita (Tokyo 1886 – Zurich 1968), est l’un des acteurs les plus célèbres de l’Ecole de Paris. Il incarne tour à tour l’image du dandy des Années Folles, du peintre perfectionniste, du photographe ouvert au monde, de l’artisan magicien du quotidien et de l’illustrateur respectueux des textes. Artiste complet, il connait, se réapproprie et détourne les codes avec beaucoup d’humour et un regard bienveillant à l’égard des enfants. Après son baptême en 1959, il se fera appeler Léonard, en référence à Léonard de Vinci.
Fils d’un général de l’armée impériale du Japon, Foujita arrive en France en 1913, après des études aux Beaux-Arts de Tokyo et un brillant début de carrière dans son pays. Foujita prépara pendant dix ans son départ pour la France en rêvant d’un Paris, terre des libertés et de l’innovation, sans rien en connaître réellement. Il s’installera finalement à Montparnasse, quartier de prédilection des grands aventuriers de l’art moderne, pour y mener une carrière internationalement reconnue.
Après avoir passé en revue toute la jeune création parisienne durant les trois premières années de sa vie à Paris, il avait choisi de ne pas suivre plus que de raison la modernité de ses semblables mais de créer la sienne, fruit de l’osmose de deux cultures, parisienne et japonaise. Les années vingt et les suivantes revisitèrent le Japon à leur manière, Foujita jetant un regard aussi percutant et acéré sur les deux sources de son inspiration.
Star parmi les stars, il s’illustre comme le peintre japonais des Années Folles le temps d’un entre-deux guerres vécu par la sphère artistique comme une parenthèse festive. Auteur d’un Japonisme éblouissant et personnel, à la croisée entre l’orient et l’occident, Foujita révèle ses partis pris esthétiques et sa virtuosité à Paris. « On me prédisait que je serai le premier peintre du Japon mais c’était le premier peintre de Paris que je rêvais d’être. Il me fallait aller aux sources », écrit-il à son arrivée dans la capitale des arts.
Ses nombreux autoportraits révèlent l’image d’un artiste dandy (lunettes rondes, fine moustache encadré par une lourde frange brune) et assurent sa célébrité. Se prenant comme modèle, il façonne son image d’homme élégant, charmeur, oriental et à l’avant-garde de la mode. Pour les médias, il incarne la réussite et la libre circulation des idées et de la modernité au-delà des conventions et des frontières. Son œuvre protéiforme (peinture, dessin, gravure, théâtre, couture, photographie et cinéma) marque son immense pouvoir de création, d’improvisation et ses multiples sources d’inspiration.
Jusqu’au 15 juillet 2018
Musée Maillol
61 rue de Grenelle
75007 Paris
tous les jours de 10h30 à 18h30 (vendredi jusqu’à 21h30)
photos in situ : Véronique Grange-Spahis