Gueules noires, au festival d’Avignon

Suite à un éboulement, deux mineurs se retrouvent coincés à 300 mètres au fond de la mine, dans une chaleur étouffante et sans lumière. Ahmed, un mineur d’origine algérienne et Stéphane, un porion d’origine polonaise, se dévoilent peu à peu durant cette terrible épreuve. Le charbon, les berlines, les boisages, les faibles flammes des lampes de mineur, tout un décor réaliste nous entraîne nous aussi, au fond.

Dans Gueules noires, on creuse sans cesse ; on creuse le charbon pour s’en sortir, on creuse dans un passé qu’on souhaiterait aboli, on creuse dans des émotions refoulées. Derrière l’histoire de ces deux mineurs, on creuse aussi la grande Histoire, celle des mines de France de l’après-guerre.

L’occasion est formidable pour les comédiens Kader Nemer et Erwan Orain de nous rappeler les « Histoires » des gueules noires : celle de l’immigration polonaise, algérienne, italienne, kabyle, marocaine etc., celle du métissage des cultures et des religions, celle de la mine et de ses dangers qui agitent dans les mémoires le spectre de la catastrophe de Courrières qui fit 1099 morts. Enfin, c’est aussi l’Histoire des hommes du fond et de leur incomparable fraternité : « Quand on descend on a tous la peau noire, et le sang rouge quand on se blesse, quand on remonte on a tous un ciel gris au-dessus de notre tête, une maison en brique rouge, et du noir dans nos poumons à force de creuser ».

Auteurs de la pièce, Hugues Duquesne et Kader Nemer rendent un hommage touchant à leurs aïeux, anciens mineurs.

C’est sans doute la sincère humanité des hommes du fond que les deux acteurs incarnent magnifiquement, qui nous touche le plus profondément, spectateurs émus.

Perrine Decker

Du 7 au 29 juillet à 12h30

L’entrepôt, 1 ter boulevard Champfleury, 84000 Avignon