Inauguration de la Galerie Rouge
A environ une heure de Paris se trouve la Maison de la Pierre du Sud de l’Oise. Réouvert depuis l’été 2014, l’espace propose des activités culturelles et pédagogiques fournies, ainsi qu’un parcours de visite dans les anciennes carrières du XVIè siècle, un lieu chargé d’histoire qui servit autant d’abris anti-aérien durant la 2è guerre mondial aux allemands que de champignonnière (ce qui est toujours en vigueur)
C’est dans la carrière sécurisée et publique que l’artiste contemporain français Christian Delécluse a eu l’idée de créer Inversion – l’encéphalogramme sismique de Marcel, un tracé de néon rouge flamboyant de 150m de long (sur 500m2 d’espace) sillonnant le ciel (nom pour désigner le plafond) de la carrière, en imitant les fracturations naturelles de la roche calcaire.
En exposant cette oeuvre dans un lieu sous-terrain, l’artiste met en lumière le monde sombrement onirique, irrégulièrement minéral, et infiniment intemporel de la galerie. C’est aussi une occasion pour lui de ré-affirmer son point de vue sceptique quant à la neutralité du « white cube » (forme d’exposition considérée comme neutre dans une galerie). Pour lui, chaque lieu a sa propre résonance, et son œuvre rougeoyante existe pour illuminer le lieu d’exposition tout en le parcourant à sa guise, telle « une entité imaginaire (…) qui se serait échappée de la faille, se mettant à vibrer dans sa fuite, sous l’effet d’ondes sismiques ou au rythme de ses ondes cérébrales, dans la jouissance de sa liberté retrouvée« .
C’est une véritable expérience que Christian Delécluse nous propose de vivre, dans le but de « [nous] rendre heureux tout en ouvrant [notre] regard sur le monde [qui nous entoure]« . Ainsi, son œuvre est comme un jeu avec notre perception du naturel et de l’artificiel : une carrière étant l’oeuvre d’êtres humains malgré son aspect minéral, et le néon résultant de la simple reproduction du phénomène naturel qu’est l’éclair.
Quant au titre de l’oeuvre, elle est autant un clin d’oeil à la mascotte de la Maison de la Pierre (se prénommant Marcel), qu’un clin d’oeil à Marcel Duchamp, convaincu qu’une oeuvre d’art était reconnue comme telle selon le lieu d’exposition dans lequel elle se trouvait (comme un musée pour la contempler, et non une maison où elle aurait simplement servi d’objet de décoration par exemple).
Le lieu underground, alternatif et poétique, est aussi intimiste qu’intimidant, et il a pour vocation accueillir des artistes de nouvelles technologies et leurs créations numériques lors du festival Vibrations souterraines dès le printemps 2018. Il a déjà réussi à organiser des rencontres entre les Compagnons Tailleurs de Pierre et les artisans d’autres écoles, et a pour souhait d’être le lieu de rencontre entre créateurs innovants (cybernétique, réseaux sociaux, hacking).
Ainsi, la Galerie rouge se revendique comme un espace d’hybridation entre art contemporain, art numérique, et savoir-faire des tailleurs de pierre.
Pour l’instant, on ne peut se rendre que par voiture dans le lieu exact, mais l’aménagement d’une navette de transport est envisagée.
Pensez également à prendre de quoi être couvert, car lorsque vous entrez dans la carrière, la sensation de frais est immédiate !
Maison de la pierre du sud de l’Oise
22, rue Jean-Jaurès
60 740 Saint-Maximin
https://maisondelapierre-oise.fr
Maëlann Benmouffek