La Pietà, La madone révoltée

Pour la sortie de son dernier EP, la Pietà a donné un concert privé à Paris, où elle a envouté son public avec des paroles percutantes, à l’opposé de cette uniformité de refrains lisses, où l’ambition se réduit à plaire au plus grand nombre. Pas de ça, avec La Pietà ! Elle se fout de la bienséance.

Telle une madone ibérique, la Piéta crie sa douleur, sa révolte.

Musicalement, elle continue de la jouer rebelle, inclassable. Certains l’affublent de slameuse punk, d’autre punk-rappeuse, à moins qu’il faille se diriger vers chanteuse française à texte comme l’étaient Léo Ferré ou Jacques Higelin. Quoique l’accompagnement guitare et clavier, pourrait justifier une orientation vers le bac des disques hip-hop électronique. A vrai dire, cela nous est égal et je subodore que la Pietà n’a pas du tout envie qu’on l’enferme dans des petites cases, trop éprise d’espace. D’ailleurs nul besoin de la catégoriser pour admirer sa présence sur scène, son énergie, son authenticité, ses textes virulents, entrelacés, d’une rage de vivre et d’un tædium vitæ. Dans son dernier EP, cinq titres, tous aussi corrosifs les uns que les autres, qui grondent la douleur, la vie, l’espérance. Avec « La fille, la moins féministe de la terre », titre provocateur, la Pietà revendique d’être la femme qu’elle veut, de penser comme elle le souhaite, quitte à ce que cela change au gré de ses humeurs.

« Je préfère le gout de la peau de l’homme que j’ai tatoué sur ma chair, que celui d’la liberté… Mais moi je veux avoir le droit d’écrire ce genre de conneries. Je veux avoir le droit de mettre une mini-jupe sans me faire traiter de salope, ou sans qu’un tocard mette sa main dessous… Je veux pas qu’on me dise que j’ joue mal de la guitare parce que je suis une meuf, alors que c’est juste parce que j’ai pas bossé. »

Raccord avec le personnage, la Pietà donne ce mois-ci, trois concerts en prison. Nous attendons avec impatience, son album qui sortira en 2019 et bien sûr la programmation à venir.