L’allègement des vernis

Le tableau de Léonard de Vinci, La Joconde – qui date du 16ème siècle – est, sans nul doute, le plus connu au monde. Il n’est qu’à voir le nombre de visiteurs au Louvre qui n’y vont que pour elle, délaissant les autres chefs-d ’œuvres alentour. Il n’est qu’à lire les nombreux écrits qui lui sont consacrés.

Dans ce premier – et remarquable – roman de Paul Saint Bris, L’allègement des vernis, l’auteur relate une restauration du tableau, avec le fameux allégement des vernis qui, au fil des siècles, opacifient l’œuvre originale, des prémices au résultat :

« Aurélien est directeur du département des peintures au Louvre. Cet intellectuel, esthète et nostalgique, voit dans le musée un refuge où se protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné – une femme énergique d’un pragmatisme désinhibé – et d’implacables arguments marketing lui imposent d’emblée une mission périlleuse et redoutée : la restauration de La Joconde.

À contre cœur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur assez audacieux pour s’attaquer à l’ultime chef-d’œuvre et supporter la pression immense d’un tel geste. Sa quête le mène jusqu’en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa, l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle… »

L’histoire nous entraine à travers les salles du musée, celles de peintures dont la salle des Etats, celles de sculptures, les bureaux, à la rencontre de ceux qui y travaillent et qui le font vivre. Certains plus attentifs que d’autres aux œuvres et l’aura qu’elles diffusent.

Par l’entremise de l’auteur, certains personnages nous permettent de mieux comprendre ce qu’il en est des rapports qui se tissent entre eux – humains, hiérarchiques, politiques, amicaux, amoureux…

Au-delà du sujet principal, ce roman au style tendu et vif porte un regard acéré sur la boulimie visuelle qui caractérise notre époque, sur notre rapport à l’art et notre relation au changement. Ce dernier ne serait-il pas tout aussi bénéfique aux œuvres qu’aux êtres qui leur sont proches ?

Pour son premier roman, Paul Saint Bris nous offre un roman passionnant, un thriller haletant du début à la fin. Un coup de cœur !

Après sa lecture, une nouvelle visite à Monna Lisa s’impose hâtivement …

Véronique Spahis

L’allègement des vernis, de Paul Saint Bris
Éditions Philippe Rey, 352 pages, 22 €
Paru le 12 janvier 2023