L’Oeil – Tokyo & Paris

L’Oeil – Tokyo & Paris
Commissariat de l’exposition Naoko Ohta-Tokuma

L’exposition développe en deux chapitres une approche photographique de l’esprit de Paris et de Tokyo, en présentant les travaux de huit photographes français et japonais : Daido Moriyama, les KiKi (duo formé par Yuki Onodera et Aki Lumi) pour Paris et Michel Frapier, Naoki Honjo, Jérémie Souteyrat, Mitsugu Ohnishi, Jean-Michel Berts et Satoshi Asakawa pour Tokyo. Ces photographes ont tous participé au projet Tokyo-GA, initié par la galerie japonaise Klee (Naoko Ohta).

Une série de photobook japonais sélectionnés avec soin accompagneront cette exposition, occasion inédite de se procurer ces ouvrages à Paris.

Les événements qui secouent le monde contemporain ont mis à mal notre quotidien et la sérénité de nos vies. L’équilibre de notre société est brisé et nous sommes arrivés à un point décisif où nous nous devons de réexaminer notre mode de vie ainsi que nos besoins et valeurs essentiels.

« Qui sommes-nous ? » Nous pourrions trouver une réponse à cette question en observant plus attentivement la ville dans laquelle nous vivons et la communauté à laquelle nous appartenons. Notre environnement doit aussi être réévalué et redéfini.

Je crois que les photographes qui ont gagné notre respect ont une perception particulière, un « oeil » et qu’ils sont capables de révéler des éléments précieux, importants et vrais de notre monde. À travers leurs regards, nous pouvons ressentir, reconnaître et comprendre.

Ils nous aident à saisir la complexité de notre environnement. Depuis toujours, les photographes japonais ont été attirés par Paris.

Daido Moriyama dans les années 1980 et les KiKi dans les années 1990 sont venus séjourner dans cette ville extraordinaire et ont capturé son éternelle élégance avec leur point de vue personnel.

Tokyo est notre maison, une ville que nous aimons. Aujourd’hui beaucoup de photographes étrangers sont attirés par son dynamisme, son énergie, sa mouvance et aussi par son caractère unique. Michel Frapier, Naoki Honjo, Jérémie Souteyrat, Mitsugu Ohnishi, Jean-Michel Berts et Satoshi Asakawa comptent parmi les plus illustres.

En croisant les visions de ces huit photographes, qui ont tous participé au projet documentaire Tokyo-GA, j’aimerais redécouvrir la valeur de Tokyo et de Paris.

                                                                                                Naoko Ohta

Les artistes :

Michel Frapier
Né en 1958, il vit et travaille à Paris. Il collabore pour la presse internationale et expose régulièrement en France et à l’étranger. Il se consacre depuis 2007 à une série intitulée « Un Autre Monde », réalisée numériquement dans la tradition du reportage classique. Le décor est effacé pour ne conserver que les personnages et leurs ombres.

Daido Moriyama
Né en 1938 à Osaka, Daido Moriyama vit et travaille actuellement au Japon. Après une expérience dans un atelier graphique, Daido Moriyama se consacre à la photographie de rue, saisissant les mutations de la société japonaise. La société nippone devient le théâtre de son écriture photographique énergique et confuse. Dans cette lignée, il participera également à l’aventure du magazine Provoke, en 1969.

Les Kiki
Les KiKi sont un duo formé par Yuki Onodera et Aki Lumi, tous deux nés à Tokyo dans les années 1960 et vivant à Paris. L’un comme l’autre utilisent différents médiums, liés ou issus de techniques photographiques pour comprendre ce qui définit le monde. Qu’est-ce qu’est la photographie et que peut-on faire à travers ce médium sont les deux leitmotiv de leur travail.

Naoki Honjo
Né en 1978, il est diplômé de l’université Polytechnique de Tokyo, en art, média et photographie. La perspective de ses images propose un regard tout à fait étonnant sur la ville, qui semble dès lors composée de jeux de construction et personnages imaginaires. À la frontière entre l’illusion et la réalité, son travail interpelle et pose des questions essentielles. Ses oeuvres ont déjà intégré les collections internationales comme celle du Metropolitan Museum of Art de New York.

Jean-Michel Berts
Dans les vingt dernières années, le photographe Jean-Michel Berts a travaillé de nombreux thèmes mais c’est sur celui de la ville qu’il s’est arrêté. Inspiré par Norman Parkinson et Karl Hugo Schmölz pour n’en nommer que deux, il choisit le noir et blanc comme médium idéal d’expression artistique. Chacune de ses prises de vue peut nécessiter des mois, voire des années de préparation. Il choisit ses destinations pour leur subtilité et travaille tôt le matin, ou tard le soir, quand la lumière s’accorde avec ses contraintes techniques.

Mitsugu Ohnishi
Membre de la Société photographique du Japon, Mitsugu Ohnishi est né en 1952 dans le quartier de Fukagawa au Japon. Diplômé du Tokyo College of Photography (TCP) en 1974, il y enseigne aujourd’hui. Photographiant la vie quotidienne de son Tokyo natal, il s’est également concentré sur les projets d’urbanisation en périphérie. En parallèle de son travail personnel, qui a fait l’objet de nombreuses expositions et publications, il enseigne dans plusieurs universités au Japon et est également conseiller artistique pour Nikon.

Jérémie Souteyrat
Né à Vénissieux en France en 1979, Jérémie Souteyrat, vit et travaille à Tokyo. Diplômé d’ingénierie mécanique, il commence à considérer la photographie comme moyen d’expression lors de ses voyages à l’étranger. Poussé par l’envie de découvrir une nouvelle culture et un mode de vie différent, Jérémie quitte son travail d’ingénieur s’installe au Japon en 2009. Dès lors, c’est en immersion complète qu’il interprète le langage de la cité nipponne. Il travaille en commande pour la presse internationale (The New York Times, The Guardian, Le Monde, Elle, Der Spiegel, etc…) et publie en 2014 son première livre : tokyo no ie.

Satoshi Asakawa
Né en 1959 dans le quartier de Shinjuku à Tokyo, il a été diplômé de l’université Polytechnique de Tokyo, et a co-fondé le magazine Zoom. Spécialisé en architecture et arts décoratifs, l’originalité de son regard lui a valu une réputation internationale. Il est également intervenant à la Kuwazawa Design School.

À propos de TOKYO-GA, la ville de Tokyo documentée par 100 photographes :

Au printemps 2011, l’Est du Japon a été frappé par l’une des plus grandes tragédies de notre pays, qui restera encrée dans la mémoire de notre peuple pour des générations. L’énorme tremblement de terre, le terrible tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima…

Ces trois incidents ont fortement endommagé la beauté du paysage japonais et la confiance en une nation japonaise sûre. Le souvenir de tout ceci nous fait craindre en l’avenir.

La troisième tragédie tout particulièrement, l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima, construite pour répondre aux besoins en énergie de Tokyo, a donné mauvaise conscience aux résidents de la métropole. Aujourd’hui nous avons pleinement conscience de notre ignorance quant aux problématiques et aux charges afférentes à la préservation et au bon fonctionnement de la ville de Tokyo et de ses environs.

Le temps a passé et Tokyo a été choisie pour accueillir les Jeux olympiques de 2020. Cet événement sera pour nous l’occasion de montrer au reste du monde qu’un nouveau Japon est né suite à la catastrophe du tremblement de terre de 2011. Nous vivons aujourd’hui une période de réflexion, qui donne lieu à un point de vue plus critique et à de nouvelles valeurs existentielles

Tokyo-GA rassemble des images prises par 100 photographes ayant choisi Tokyo comme sujet. À travers le regard de ces photographes, ce projet vise à mettre en avant une réflexion sur le développement de notre ville. En rassemblant ces travaux, nous voulons déclencher une réflexion sur ce qui est beau, ce qui est triste, ce qui est important et considérer les possibilités qui peuvent se présenter à nous.

Nous souhaitons partager l’énergie et le rythme de Tokyo, une ville en pleine évolution au cours de cette décennie et être les témoins honnêtes d’une époque en enregistrant les faits qui se déroulent autour de nous.

Les travaux rassemblés dans le projet Tokyo-GA documentent certains aspects de ce qui est essentiel à Tokyo, certaines fragilités, comme une atmosphère, un comportement ou un geste. Mais pour que la photographie convainque le public, elle se doit de choisir avec précaution les réalités de la vie. Nous voulons apporter la preuve de ces réalités en montrant 100 photographes qui ont chacun identifié Tokyo à leur manière.
NAOKO OHTA
Commissaire-fondateur, Tokyo-GA Klee Inc.

Exposition du 6 septembre au 25 septembre 2016

Galerie Clémentine de la Féronnière
51, rue saint-Louis-en-l’île, deuxième cour, Paris 4e
Ouverture du mardi au samedi de 11h à 18h
www.galerieclementinedelaferonniere.fr