Lorsque la Bourse du Talent met la photographie en lumière

Les murs de l’allée Julien Cain, au sein de la Bibliothèque nationale de France ne sont désormais plus vides : ce 19 décembre, bravant les grèves de nombreux invités y sont venus admirer, à l’occasion de la bourse du talent de la photographie 2019, les images et artistes coup de cœur du jury ainsi que les lauréats. Les thématiques défilent et ne se ressemblent pas. La photographie de demain s’y dessine à travers les genres du reportage, de la mode, du portrait ainsi que du paysage.

L’absence de la France qui pourtant accueille ce concours résonne comme une envie d’ailleurs. Ce sont tour à tour le Japon, le Salvador, la péninsule de Yamal dans l’Antarctique russe, l’Italie qui sont photographiés. Puisque nous sommes tous devenus photographes avec les smartphones, la photographie se dénature, perd de son sens, s’accumule sur le Cloud, se perd, tout simplement. Alors ces regards croisés sur le monde donnent un nouveau souffle, un nouveau sens à cet art banalisé.

“Quand on est prisonnier de l’image, cela vous donne toutes les audaces” écrivait Robert Doisneau. Aussi Nadège Mazars a eu ce courage avec la série Dieu est notre dernière cartouche de pénétrer le monde de l’ultra violence par le biais des ex-membres de gang, ces repentis qui trouvent en Dieu le refuge à l’horreur dans la paix. “le contraste entre prier et ces tatouages en est devenu une histoire à raconter” confie la photographe, et d’ajouter que “la couleur ne collait pas à la violence. L’ambiance très noire rend mieux en noir et blanc”.

Audace pour Alessandra Carosi de Lire l’air japonais, de percer à jour ces silences, ces sourires cachés, ces masques, ces uniformes. Un amour du Japon qui transparaît dans son travail respectueux du portrait. Portrait en creux, portrait métaphorique même avance-t-elle. Elle lit la lumière, les silences, les vides de l’espace, manière de révéler les visages et leurs expressions impénétrables.

Nathalie Lescuyer, Charles Xélot, Tian Jin, tant de lauréats dont le travail reste à découvrir à la BnF jusqu’au 29 mars 2020. Leur travail politique, engagé, poétique, imagé saura attirer les regards et toucher les âmes comme celui de Cheng Huanfa sur la Maternité qu’il transmet dans l’intimité de son couple avec douceur.

Sixtine Bénatier

Du 19 décembre 2019 au 29 mars 2020

Bibliothèque François-Mitterrand
Entrée rue Emile Durkheim

75013 Paris

Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 20 h ; dimanche de 13 h à 19 h

Entrée libre