Beginning : Un « début » pas comme les autres

Lors d’une fête donnée par Laura, celle-ci rencontre Danny. Ils se désirent, mais se le dire en face nécessite un grand courage, qui les met mal à l’aise. Les personnages de Beginning se mettent en scène en toute fragilité, avec une maladresse attendrissante. La solitude contemporaine touchant de nombreuses personnes, dans un monde pourtant mondialisé et interconnecté, est dépeinte avec beaucoup de subtilité. Les malaises générés par les personnages parviennent à toucher nos émotions puis, l’instant d’après, nous faire beaucoup rire.

Le jeu d’acteur de Caroline Aïn et Aurélien Mallard n’y est pas pour rien, puisqu’il est très attendrissant. En effet, on ressent une réelle connexion entre les personnages, qui, si distants et fermés l’un à l’autre au début de leur dialogue, fusionnent totalement par la suite. Le dialogue constant est la force de cette pièce, qui créer une bulle autour des personnages, nous berçant sur le flot de leurs mots. Une sincérité s’en dégage, une pureté engendrée par la naïveté enfantine avec laquelle les personnages agissent. Les répliques sont étonnantes, inattendues : c’est toute la beauté spontanéité authentique. Les personnages attachants permettent à tout un chacun de s’identifier à la solitude qu’ils dégagent.  

La particularité de cette pièce, est qu’elle est pour la première fois traduite en français, par Cécile Dudouyt. Cela marque l’arrivée en France du scénariste David Eldridge, qui est fascinant en ce qu’il sculpte les dialogues autant que les silences avec une grande finesse. Il remporte en 2008 le Prix Europa de la meilleure fiction radiophonique européenne. C’est avec cette pièce londonienne, créée au Théâtre National de Londres, qu’il fait son arrivée en France.

La mise en scène de Gaspard Legendre mérite également d’être saluée, tout comme le travail de scénographie et la création lumière de Benjamin Mornet qui sont remarquables : la décoration Mondrian est notamment appréciable en ce qu’elle place les personnages dans un cadre décalé et original.

Le Studio Hébertot propose avec cette pièce un véritable moment de méditation sur la complexité des relations et interactions dans notre société contemporaine, qui vaut le détour. Le Studio présente également pour sa saison de très riches autres pièces, à découvrir sans modération.

Julie Goy

Beginning

Jusqu’au 29 décembre 2019

Studio Hébertot

78 bis boulevard des Batignolles 75017 Paris

Jeudi à 19 h, Vendredi et Samedi à 21 h, Dimanche à 15 h