Dans son autobiographie, Ma vie sans gravité, parue aux éditions Flammarion fin octobre 2023, Thomas Pesquet partage son parcours d’astronaute, et notamment le quotidien des 396 jours passés à bord de l’ISS, la station spatiale internationale depuis laquelle il a pu observer notre planète.
Thème mythique de la littérature et de la science-fiction, l’espace avec un grand E demeure un sujet de fascination comme de craintes. Il renvoie aux limites du monde mais également aux nôtres, puisque c’est un terrain régi par ses propres règles.
Avec Mission spatiale, la nouvelle exposition permanente de la Cité des sciences, les visiteurs sont invités à découvrir les différentes étapes de la conquête spatiale ainsi que les enjeux géostratégiques, économiques et technologiques qui lui sont rattachés.
Conçu en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (CNES), l’Agence spatiale européenne (ESA) et avec le soutien de Richard Mille et Airbus, le projet consiste à rendre accessible un des défis majeurs de l’humanité par l’explicitation des politiques complexes, à l’instar du programme Artemis, auxquelles donne lieu l’exploration spatiale.
Bruno Maquart, président d’Universcience, nous propose donc d’entrer dans la peau d’un astronaute le temps d’une exposition et d’embarquer pour ce voyage dans l’espace-temps, structuré en cinq parties : explorer, voyager, transiter, séjourner, questionner.
Partie 1 : EXPLORER
Cette première partie de l’exposition présente le processus d’élaboration d’une mission d’exploration robotique. En effet les robots apparaissent comme des outils indispensables dans l’appréhension atmosphérique, sonore ou visuelle d’une zone inconnue et sont ici présentés dans leur diversité et sous plusieurs formes différentes : maquettes placées sous vitrines ou suspendues, schéma légendé d’un module de service ou d’atterrissage.
Depuis la construction du robot adapté à la mission à sa descente sur la planète visée, l’exposition de différentes techniques permet de mettre l’accent sur l’importance de certains facteurs. Le rover martien Perseverance témoigne de la nécessité d’un module de descente, tandis que le prototype de roue spécifique développé par le programme de recherche Michelin Lunar Airless Wheel relève le défi d’une meilleure adaptation lunaire.
Conscient des grandes problématiques travaillées par les astronautes, le visiteur est prêt pour le voyage …
Partie 2 : VOYAGER
Sous la forme d’un compte à rebours, cette seconde phase détaille les étapes qui précèdent un décollage et décortique la fonction d’un lanceur.
Le visiteur est d’ailleurs invité à en programmer un et à expérimenter le concept de fenêtre de tir grâce à des dispositifs multimédia constitués de trois mini-jeux successifs.
Cette partie de l’exposition bénéficie d’une muséographique particulièrement spectaculaire : fresque figurant le départ d’une fusée, imposante maquette du lanceur Ariane 6, et est complétée par une série d’objets de la pop culture et des années 60 directement inspirés de l’espace.
Il s’agit avant tout de mettre en avant les spécificités de ce milieu : un code de la route spatial est présenté et, clou du spectacle, le visiteur devient membre d’une équipe de scientifiques de quinze personnes et part pour un voyage interplanétaire vers Europe, une des lunes de Jupiter.
Cette expérience immersive ne vous laissera pas indifférent ! Elle se poursuit d’ailleurs dans la troisième partie de l’exposition : TRANSITER
En effet, vous pourrez visiter une reproduction à l’échelle 1 du modèle I-Hab de la station Lunar Gateway. Première étape avant d’arriver sur la lune, elle peut accueillir jusqu’à quatre personnes et, à l’intérieur de sa maquette, le spectateur découvre la vie quotidienne dans une station spatiale.
Un modèle de combinaison européenne témoigne également des effets de l’espace sur le corps humain et de la nécessaire adaptation de l’équipement aux températures extrêmes, pouvant aller de -160 à 120°C.
L’enjeu de cette partie est de restituer la puissante ambition qui gravite autour de la Lune depuis notre premier pas en 1969 ; le programme Artemis, inclus dans la feuille de route mise au point par 24 agences spatiales, se compose de plusieurs phases, à commencer par un alunissage d’ici 2025 dans le but d’établir une présence lunaire permanente à long terme.
Mais ce défi n’est qu’une étape intermédiaire permettant de préparer le but ultime : les premiers humains sur Mars…
Cet objectif fait l’objet de la 4ème partie : SÉJOURNER, au sein de laquelle le public pose un pied dans le futur et se retrouve transporté à la surface de la lune.
Il peut ainsi découvrir le fonctionnement autonome d’une base lunaire, qui procède par réutilisation des déchets grâce à des bioréacteurs et adaptation aux conditions in situ : ensoleillement, obscurité totale…
L’exploration humaine de l’espace au-delà de l’orbite terrestre donne également lieu au développement de technologies extrêmement poussées, telle que l’impression 3D, qui permet de créer sur place des pièces de rechange et autres outils.
A travers la fenêtre de la base, le paysage lunaire se déploie et est animé par l’apparition de différents éléments tels que des modules de base, souvent régis par les mêmes contraintes de transport et d’environnement, un vaisseau de ravitaillement ou encore des astronautes.
La seconde partie de cette base consiste en une salle d’entraînement pour Mars : trois projets de construction de bases martiennes (la X-House 2 de SEArch +, le Mars Habitat de Foster +Partners et le Mars 3D-printed habitat) ainsi qu’une simulation de mission extrême sur Mars sont proposés, gare à la tempête de sable !
La dimension psychologique de ce genre d’exposition apparaît aujourd’hui comme primordiale : la culture de produits frais sous serre participe à une alimentation saine aux astronautes dont la santé mentale est profondément éprouvée : confinement, dangerosité d’une mission, étroitesse des lieux de vie, éloignement de ses proches et de la Terre, conditions de vie spartiates, stress. Tous ces facteurs, souvent minimisés, sont évoqués dans le film qui clôt cette section.
La dernière partie propose quant à elle de prendre du recul par un prolongement humain et social de la thématique. Un dispositif audiovisuel donne la parole à des spécialistes qui éclairent les motivations conduisant à l’envoi d’humains dans l’espace ainsi que les enjeux actuels que revêt un tel défi (coût économique et écologique, guerre spatiale…)
SPACE 11
Fort de cet éclairage réflexif, le visiteur est en mesure de faire la part des choses entre rêve et réalité. Tout un cycle de conférences autour du thème “Humains dans l’espace” est d’ailleurs proposé en parallèle de l’exposition ainsi que plusieurs médiations dont Mission Bellona.
L’objectif est d’intégrer le spectateur à une équipe d’astronautes au sein d’une mission dont il doit régler les différentes épreuves afin d’en accomplir l’objectif : amusement et instruction garantis !
Ce parcours immersif vous fera voir le monde en grand !
Commencing countdown engines on…3…2…1…
Joséphine Renart
Crédit photo : N. Breton
A partir du 23 octobre 2023
Cité des sciences et de l’industrie, 30 avenue Corentin-Cariou, 75019 Paris
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h (19h le dimanche)
Réservation conseillée sur: https://billetterie.cite-sciences.fr/